Il est encore intéressant de citer la correspondance que la filature adressait à son représentant, Mr About de Saverne le 14 janvier 1867. En effet, elle montrait non seulement les difficultés d'approvisionnement de l'époque et la montée des prix, mais aussi son internationalisation d'approvisionnement de matières premières :
" Monsieur,
Nous possédons votre estimée lettre du 30 de l'écoulé et vous remercions infiniment des bons souhaits que vous formez pour notre prospérité ; de notre côté, nous formons pour vous les mêmes souhaits ainsi qu'une parfaite santé.
Comme vous le verrez dans le détail ci-contre, l'année qui vient de s'écouler a été meilleure que les précédentes ; il faut espérer qu'il y aura un mieux sensible pour celle-ci ; c'est ce que nous souhaitons pour vous comme pour nous. Il est bien difficile d'établir actuellement des prix pour toute la campagne, les cotons en laine aujourd'hui sont forts chers ; peut-être dans 3 ou 4 mois seront-ils meilleur marché, cependant nous ne le pensons pas, nous croyons plutôt à une hausse plus forte encore, et voici pourquoi :
Pour les cotons d'Amérique, d'après les recettes actuelles la récolte ne dépassera pas 1.500.000 balles au lieu de 2.000.000 que l'on croyait avoir. Pour l'Egypte, le Brésil, etc, nous ne trouvons que moitié de ce que nous aurions dû avoir.
Pour l'Inde, il est plus que probable qu'il en sera de même et que le coton qui devait nous arriver cette année ne viendra qu'en 1868 et en voici le motif : Habituellement on achetait le coton payable à 6 mois à partir du visa de la traite, de sorte que le spéculateur donnait la marchandise et pouvait la revendre avant de la payer, tandis que maintenant cette marchandise est payable à 4 mois, et comme il faut au moins 6 mois avant de la recevoir, bon nombre de personnes s'abstiendront d'opérer. Nous le voyons déjà puisqu'au lieu de recevoir d'ici à fin mai prochain environ 300.000 balles, il n'en arrivera que 85.000, quantité positivement connue.
D'après nos explications vous voyez que nous devons plutôt croire à une hausse ; aussi nous avons fait quelques provisions qui nous permettent de faire des prix abordables et que nous vous soumettons ci-dessous :
Tricot écru 5,30 francs, les enfants et, dans la proportion habituelle et dans le cas où nous baisserions nos prix au moment des expéditions, soit juillet et août, la même faveur sera accordée à toutes les personnes qui nous remettront leur commande avant cette époque.
Pour l'écru nous ne savons vraiment quel prix faire, lorsque vous connaîtrez celui de Monsieur Chauvin, vous nous obligeriez de nous le communiquer.
Nous ferons cette année un tricot bleu supérieur mais nous ne pourrons vous en dire le prix que dans un mois. Pour les mèches, nous ne croyons pas que personne ne pourra les établir au dessous de 5 francs les 900 grammes ; d'après nos calculs basés sur les achats faits dans d'assez bonnes conditions, le prix de 5,20 francs serait celui qu'il faudrait adopter ; mais enfin comme il faut que cette année nous écoulions, non seulement la production de cette année, mais encore le stock qui nous reste malheureusement, nous vous autorisons à descendre jusqu'à 5 francs les 900 grammes pour des commandes d'une certaine importance. Quant aux lacets vous ferez 40 à 42% de bonification et 43% pour des commandes exceptionnelles.
Recevez, Monsieur, nos biens sincères salutations.
Les fils de Colard Frères "
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