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Le jeudi était jour de repos, il n'y avait pas d'école, mais nous étions cependant occupés … Après avoir étudié nos leçons et trouve la solution du problème arithmétique, qui celui-là, faisait immanquablement partie des devoirs, nous allions au catéchisme. Il avait lieu dans l'église pendant l'été et l'hiver dans la sacristie, seul endroit que l'on pouvait chauffer. La matinée passait ainsi et nos après-midi nous laissaient notre liberté … Pas tout à fait ! Par beau temps, grand-mère Pauline, nous emmenait ramasser du bois mort dans la forêt du Drebois. Pendant que nous ramassions le bois et l'empilions sur une brouette, grand-mère cueillait de l'herbe, souvent l'œillet sauvage, pour la nourriture des lapins qu'elle élevait. Suivant les saison, nous ramassions aussi des mûres le long des haies, de belles mûres pour faire de la confiture. Lorsque c'était l'époque, nous cherchions des champignons dans la forêt. Après les moissons, lorsque les champs étaient vidés de leurs récoltes, nous allions glaner les épis de blé restés dans les étoules qui blessaient un peu nos mollets. Ces glanes étaient ensuite décortiquées pour en extraite les grains de blé destinés à nourrir les poules ; l'avoine était plutôt réservée aux lapins. Pendant le temps des récoltes, on voyait pratiquement tous les enfants du village dans les cultures et moi-même je n'y ai pas échappé ! Les jours de pluie n'étaient pas tristes et souvent nous allions nous réfugier chez M. Buat, le maréchal ferrant. Notre plus grand plaisir était d'actionner le gros soufflet de la forge à l'aide d'une pédale. M. Buat était un homme très populaire au village et pour notre plus grande joie, nous racontait énormément d'histoires drôles. Nous assistions au ferrage des chevaux. Il y avait aussi parfois des brebis auxquelles il convenait de couper la queue. Combien de fois ai-je tenu le morceau de bois que l'on plaçait sous ces queues pour les couper net ? A cette époque la méthode était plutôt barbare et pour cicatriser rapidement la plaie, on employait un fer rougi directement sorti de la forge ! D'autres jours, nous allions rendre visite au charron, M. Georges Lombard. Nous admirions cet homme pour son habileté à réaliser des assemblages de bois soit pour réparer, soit pour fabriquer les roues des chariots, tombereaux et guimbardes. Les roues des tombereaux étaient les plus grandes et il déployait tout son art pour les cercler. Cette opération se déroulait dans la prairie, près du pont dit " de la Charrière " Un grand feu de fagots était allumé. Il plaçait en plein milieu de larges cercles de fer plat qui étaient portés au rouge et posés ensuite sur la jante en bois, puis refroidis rapidement. On puisait l'eau directement dans la rivière pour cette opération et on la versait sur la roue ; alors le fer se rétractait en serrant le bois. Lorsque arrivait la fin de l'automne, pendant plusieurs semaines, nous étions attirés par les cris des cochons que l'on égorgeait. Cette délicate opération avait son spécialiste, M. Armand Petermann, qui ce jour là était nourri chez l'habitant. Je me souviens bien de ce cérémonial … On attachait une corde à une patte arrière de on faisait sortir le cochon de son écurie. Il ne se laissait pas faire, se doutant sûrement de ce qui allait lui arriver ! Après quelques efforts et avec l'aide de deux ou trois hommes venus porter main forte, le porc était terrassé. Une fois couché à terre, on attachait ensemble les quatre pattes pour l'empêcher de se relever. Comme il poussait beaucoup de cris, la méthode employée pour le faire taire consistait à lui introduire un gros bâton dans la gueule. Méthode, là encore, bien barbare ! Prestement, l'opérateur introduisait un long couteau effilé dans le corps de la bête. Le geste était net et précis, l'arme blanche sectionnait l'artère principale arrivant du cœur. Un récipient était aussitôt placé sous le couteau que l'on retirait lentement. S'écoulait alors un sang épais que l'on récupérait pour la fabrication du boudin. Le tueur s'arrêtait un instant et avec les hommes présents, buvait le petit verre traditionnel de bonne eau-de-vie ! On recouvrait ensuite le cochon d'une botte de paille et on y mettait le feu pour brûler les soies, mais préalablement M. Petermann avait pris soin de récupérer les plus belles et les plus longues qu'il revendait plus tard à quelques fabricants de blaireaux à raser la barbe. Lorsque la paille était consumée, on passait un coup de balai sur le corps de la bête, puis l'opération de rasage pouvait commencer avec un couteau très affûté. Pour finir, on pendait le cochon par les pattes arrières, tête en bas, et on l'ouvrait de la queue à la gorge. On récupérait les organes.
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