Notre famille proche se composait encore d'autres personnes, mais elles ne vivaient pas au village. Mon grand-père maternel, Gaston, habitait la ville de Pontoise et ne venait à Saudrupt que de temps en temps, surtout aux moments des fêtes : Pâques, Noël, grandes vacances et événements familiaux … Il travaillait à cette époque, et jusqu'au moment de prendre sa retraite, à la mairie de Pontoise. IL y avait encore mon arrière-grand-mère maternelle, Célestine, qui habitait dans la ville de Saint-Dizier. Puis, son fils Maurice, mon grand-oncle, avec son épouse, Georgette qui était ma marraine. Ce couple a eu de nombreux enfants, tous des garçons. A l'époque de ma naissance, ils avaient Serge et Michel, les enfants du premier mariage de Maurice, ainsi que Yves, le premier enfant de sa nouvelle union avec ma marraine. Cette famille venait assez régulièrement nous rendre visite et nous allions la voir à la Chapelle Saint-Luc, bourg de la périphérie de la ville de Troyes. Maurice était employé des services municipaux de cette ville. Il était très connu du fait qu'il avait été responsable de la jeunesse communiste de Troyes en 1924, puis membre du Comité départemental de la Libération, dès sa fondation dans la clandestinité. Il a participé, en tant que délégué régional, au 1er congrès national de la Jeunesse ouvrière et paysanne. Syndicaliste fervent, résistant pendant la guerre, il oeuvrait dans la CGT au service de la classe ouvrière. En 1944, il a été secrétaire général de l'Union locale.
Le 1er mai 1948, mon grand-père Gaston adressait une carte à mes parents. Au dos d'une carte d'invitation d'une fête populaire du travail organisée dans le parc de Saint-Cloud par le RPF de la région parisienne, il écrivait : " Chers enfants, je souhaite que ces quelques brins de muguet vous portent bonheur. Que tous vos désirs et espoirs se réalisent. Je pense apprendre bientôt une bonne nouvelle -avec le titre de grand-père- et que tout s'est bien passé. Je vous embrasse bien fort ainsi que toute la famille. Votre père qui ne vous oublie pas. Gaston " Avec cette carte étaient joints trois brins de muguet dans une demi-feuille pliée en deux. Cette feuille était un tract du RPF annonçant la grande fête du 1er mai avec les " plus grandes vedettes de Paris, entre autres : Joséphine Baker, Bourvil, Pierre Dac, Luis Mariano, Yves Montant, Edith Piaf et les Compagnons de la chanson, Henri Salvador … " Les brins de muguet sont séchés et très bien conservés dans mes archives familiales. L'ouverture de cette enveloppe, religieusement conservée, ne manque jamais de m'attendrir intensément !
Le 20 mai 1948, jour de ma naissance, du bureau des Postes de Saudrupt, papa envoyait à neuf heures trente, un télégramme à mon grand-père :
" Yves né 0 h 30, venir si possible. Baisers Maurice "
D'après mon carnet de santé, l'accouchement s'est déroulé " aux forceps ", ce qui signifie que j'ai eu un peu de mal pour montrer le bout de mon nez … et c'est le Docteur Prin de Lisle-en-Rigault qui a aidé ma mère à me mettre au monde. Comme l'a noté papa, je mesurais cinquante centimètres et pesait deux kilos sept cent cinquante. Pendant six mois, maman m'a allaité et mon sevrage s'est effectué très exactement le 22 novembre 1948, avec du lait de chèvre. Rien d'étonnant donc pour mon goût, toujours aussi prononcé, pour le fromage de chèvre ! C'est à l'âge de quatre mois que j'ai prononcé mon premier mot, mais papa n'a pas précisé lequel
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