La vie professionnelle du couple de meuniers Beaumont-Moineau ne semble pas avoir été des plus faciles et les difficultés rencontrées ont été multiples, mais elle provenaient quand même principalement de l'état de vétusté dont se trouvaient à cette époque les grands moulins de Remiremont, de la fiscalité de ce temps là et également de la période révolutionnaire qui ne devait pas faciliter les choses.
Mais là non plus, "nos meuniers" ne semblent pas avoir malheureusement échappés à la "coutume" de leur métier. En effet, beaucoup de meuniers se sont trouvés confrontés à la justice du fait de difficultés de tous ordres et nombreux ont été les procès émaillant leur profession et leur vie. C'est peut-être, en plus du rôle économique et social qu'ils avaient, ce qui nous les rend au travers de la généalogie encore un peu plus attachants ...
On trouve déjà trace des difficultés du couple Beaumont-Moineau au cours du premier bail ayant suivi la reprise des moulins après Charles Moineau.
Au moins vers 1796, mais peut-être avant aussi, Jean Baptiste Beaumont avait présenté une pétition en indemnité de dommages des moulins patrimoniaux de la commune. Le 26 septembre 1796, la commune avait "réglé les indemnités et démontré d'une manière évidente que ce fermier (locataire) qui depuis trois ans n'avait point payé de canon (loyer) était redevable de sommes assez considérables envers la commune" et " a demandé que le bail de cette usine fut résilié pour les trois années qui restaient à en écouler " et que " l'Administration centrale par son arrêté du 21 même mois a approuvé la dite délibération et autorisé l'agent de la commune de Remiremont à compte de gré à gré (à l'amiable) avec ce fermier et à lui faire état de diverses sommes par lui reportées. Le vingt neuf du dit mois de Vendémiaire l'exposant lui a fait notifier sa sortie pour le douze nivôse suivant ".
Voilà donc la commune de Remiremont mettant son meunier locataire à la porte de ses moulins patrimoniaux ! ... Jean Baptiste Beaumont semble un temps rester dans l'inaction comme il est dit "par acte signifié par exploit de l'huissier Marechal, lui a fait notifier aussi la délibération approuvée par l'arrêté de l'Administration centrale du vingt et un. Ce fermier restant dans l'inaction, l'exposant (la commune de Remiremont) a provoqué l'admodiation (avertissement, mais sans condamner) à long bail de cette usine
Mais Jean Baptiste Beaumont se présentera cependant et déposera un état de ses répétitions (réclamations) dans lequel il demandera en conclusion d'être " continué dans la jouissance de son bail pour les trois années qui restent à en écouler ". II lui est présenté parallèlement un état d'arrêté de compte par lequel l'Administration municipale a réglé "par forme de liquidation" les indemnités et répétitions dont il est débiteur envers la commune, en déclarant "que la sommation qui lui avait été signifiée de sortir au douze nivôse dernier serait regardée comme non avenue et qu'il jouirait de l'usine pendant les trois années restant à écouler de son bail". Jean Baptiste Beaumont se montrant d'accord, cette délibération fut envoyée pour être approuvée par l'Administration centrale. Elle fut effectivement approuvée, mais non sans surprise de sa part car elle dit ne pas comprendre cette contradiction et elle exigera "des renseignements positifs sur les causes qui font cesser le besoin de mettre à exécution l'arrêté qui ordonnait le cessation d'un bail emphytéotique" (bail de longue durée conférant au preneur un droit réel susceptible d'hypothèque; c'est-à-dire que le fermier -locataire- peut hypothéquer sa location qui n'est pas son propre bien, mais le bien immobilier du propriétaire qui lui loue.)
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