Les esprits sont peut-être toujours vivants, allez savoir ! - Ah ! François, il y a une éternité que je n'ai pas eu le plaisir de m'entretenir avec vous ! Je ne sais ce qui me prend mais, depuis quelque temps, je suis attiré par ce petit bourg sarthois dont le nom est aujourd'hui connu dans le monde. J'ai d'abord été attiré par la mélodie des chants grégoriens que répétaient des moines rassemblés dans le cœur de leur abbatiale. - Je sais Pierre moi aussi, mais ma nouvelle attirance pour ma région natale s'est produite lorsque j'ai entendu un petit groupe évoquer quelques bribes de mon histoire personnelle et déjà si lontaine. - Vous avez raison, pour moi également, parfois ici je ressents une réminiscence de mon passé, bercée par le rythme du plain-chant. - Ca alors ! Joseph, que faites-vous donc pareillement ici ? - Mes amis, ce soir, j'ai rendez-vous avec Louis. Comme vous, nous avons quitté la vie terrestre depuis déjà bien longtemps, mais il nous semble que dans cette petite salle, juste devant nous, quelques personnages fouillent notre histoire ! - Oh ! Louis vous voici arrivé, mais vous n'êtes pas seul ? - Bonsoir messieurs, je vous présente mes amis Joseph et Jean. Figurez-vous que nous avons l'impression qu'en ces lieux, des recherches ébrouent nos vies passées ! Ainsi venait de s'engager cette conversation entre des êtres invisibles qui regardaient partir un petit groupe de personnes quittant la salle communale. Ils avaient passé la soirée à évoquer leurs ancêtres … Louis Lemoine … Pierre Guiard … Joseph Désiré Bourtaire … Louis Château … Joseph Bry … Jean François Labbé. En quittant la salle, ils ne pouvaient pas savoir que cette nuit là, leurs ascendants attendaient de les voir partir pour entrer à leur tour. Sans témoins, sans lumière, autour de la table, ces entités prirent place au même endroit que leurs descendants respectifs occupaient quelques instants plus tôt. La nuit risquait d'être longue mais devant l'éternité, le temps n'avait pas d'importance. Ils avaient décidé d'évoquer ensemble une partie de leur vie passée. Seulement, dans cette autre dimension qui les enveloppait, personne ne risquait de les voir ni de les entendre. Seuls les murs, dit le proverbe, ont des oreilles ! Notre vie passée s'est déroulée au cours du XIXème siécle, commença par dire François. Comme il avait le sens de l'humour, il s'empressa d'ajouter : - Avec un nom comme le mien, pas étonnant que ce soir je me retrouve près d'une abbaye ! - Dis donc Lemoine, rétorqua Jean François, ce que tu dis est valable aussi pour moi ! - C'est vrai ce que dit Labbé, ajouta Pierre, avec vos patronymes, vous auriez pu vous réunir dans les bâtiments monastiques ! Un grand rire illumina le visage des participants mais, dans cette narration utopique, la sonorité resta figée. Le village s'endormait paisiblement et la nuit s'annonçait froide. La température, à l'intérieur de la petite salle, baissait sensiblement au fil du temps. En se rétractant, les murs émettaient quelques craquements. Ils se disposaient à restituer l'écho d'imperceptibles chuchotements qui n'allaient pas manquer d'envahir cet espace chimérique.
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