Jean François Labbé C'est Jean François Labbé qui fut désigné pour parler le premier. Pour être né à la fin du XVIIIème siècle, il se trouvait être le doyen du groupe. C'est la ville de Lorient, en Bretagne, qui reste mon berceau natal. Mes parents me baptisèrent rapidement comme il était de coutume à l'époque. J'ai eu pour marraine une certaine Jeanne Formal de Kervignac et pour parrain, un certain François Dormont. Celui-ci venait de Bussière-la-Nonne, dans le diocèse de Langres. Il me semble que Langres soit une ville bien éloignée de la Bretagne, interrompt Jean. Sais-tu ce qui faisait le trait d'union entre ces deux régions ? Bien sûr, mais j'en dirais rien ce soir, laissant à mes descendants la surprise d'en faire eux-mêmes la découverte ! Cette commune Haut-Marnaise est aujourd'hui devenue Bussières-les-Belmont. L'histoire est ancienne pour cette région du canton de Fayl-Billot, située à cinquante sept kilomètres de Chaumont. En 1789, la paroisse de Bussières faisait partie du doyenné du Moge au diocèse de Langres, et la cure était à la collation du trésorier de la cathédrale. Pour le temporel, les habitants dépendaient de l'élection et du bailliage de Langres, généralité de Champagne. Au cours de l'histoire, les petits paysans et les artisans pouvaient peu à peu acquérir un toit et un lopin de terre. Le gouvernement royal encouraga l'agriculture et décida d'exonérer des dîmes et des redevances les terres nouvellement défrichées. Ainsi, quelques propriétaires purent mettre en valeur des sols très humides. Après les avoir daîné, ils les plantèrent en osier. Certains propriétaires fonciers n'hésitèrent pas à déboiser à outrance pour augmenter la superficie de leurs terres cultivables sachant que les terrains défrichés n'étaient pas soumis à l'impôt. Ces défrichements aboutirent parfois à des entreprises inconsidérées. Tant et si bien qu'à la veille de la Révolution, presque tous les bois privés avaient disparu. Il ne resta que le Bois des Nonnes qui appartenait à l'Abbaye de Belmont, le Bois Banal propriété du Seigneur Fayl-Billot et la forêt communale. Mon père, Jean Gilles, était natif de La Mézières, dans le diocèse de Rennes, où il est né le 1er janvier 1757. Il était le fils d'un laboureur, qu'il a très peu connu ; il n'avait que sept ans lorsqu'il est mort. Comme tous les garçons de son âge, il a été placé très jeune chez un maître pour apprendre le métier de forgeron. Balluchon sur l'épaule, il quitta La Mézière pour le port de Lorient, empruntant routes et chemins conduisant vers l'océan. En ce temps là, Lorient était une sorte de ville nouvelle qui prenait de l'extension grâce à la marine. Pour satisfaire ses désirs de conquêtes, Louis XIV avait besoin de navires et d'autant plus que Colbert, son ministre, voulait développer le commerce avec l'Asie et les Caraïbes. C'est sur cette côte Atlantique que s'était installée la Compagnie des Indes. Le besoin en navires devenant croisssant, il fallait créer des chantiers navals. Le vaste marécage du Faouédic laissera la place à des ateliers de construction, d'où il sortira deux frégates et un navire de mille tonneaux, baptisé " Soleil d'Orient " en 1661. Ce premier trois-mats, plus connu sous le nom de " L'Orient ", donnera son nom à la ville nouvelle. Colbert imposera ce site pour la construction des vaisseaux du Roi qui fera lui-même don des vaines terres du Faouédic pour l'aménagement d'un chantier naval. Mais Lorient ne deviendra véritable ville militaire, commerciale et industrielle qu'en 1769. Plus tard, la Compagnie des Indes disparaîtra, les chantiers navals seront transformés en port de guerre avec un arsenal royal. C'est à ce moment que mon père Jean Gilles, arriva à Lorient. Il y deviendra forgeron au port. Il y rencontrera aussi ma mère, Marie Julienne Le Gal, qu'il épousera le 13 novembre 1780. C'est donc là que j'ai vu le jour le 10 avril 1788. Régnait encore la monarchie absolue d'ancien régime. Louis XVI et Marie Antoinette étaient les souverains du pays.
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