En août 1813, lors de la campagne d'Allemagne, la bataille de Dresde enlève encore 8 000 hommes à l'armée française et si l'on peut s'exprimer ainsi, " emporte " une jambe à Augustin Enjubault. C'est " un boulet qui fauche également son cheval (3) ". Affirmation qui nous reste à vérifier car la fiche de renseignements militaires signale pour lui au cours de cette bataille : " blessé d'un coup de biscaïen à la cuisse (4) ". Le 18 juin 1815 pendant la campagne de France il est à nouveau blessé au cours de la bataille de Mont St-Jean. C'est là qu'il sera fait prisonnier. Son arrestation mettra un terme final à sa carrière militaire. Agé de plus de 40 ans, n'était-il pas cependant, dans son fort intérieur, content et soulagé d'être resté en vie ? L'état actuel de nos recherches ne nous permet pas encore de connaître son lieu exact de détention ni sa durée de captivité en Angleterre. Toujours est-il qu'Augustin Enjubault reviendra dans son cher village natal pour y passer le reste de sa vie. On pourrait penser, y revenant sans doute vers 1816, qu'il allait s'installer à la Verdière pour y jouir d'un repos et d'une retraite bien méritée. Non, il avait encore à donner à son village après avoir déjà tant donné à son pays ! Après son retour de captivité, il se marie à Sablé le 24 avril 1817 avec Henriette Françoise Durand, native de Poillé. Nous devons encore explorer les registres de l'Etat-Civil sur cette période, tout comme son dossier de Légion d'honneur dont il avait été fait chevalier le 28 Vendémiaire An 11 (18/10/1802). Le 5 mai 1821, comme tous les grognards restés en vie, c'est sans doute avec beaucoup d'émotion qu'il apprendra que Napoléon vient de mourir à Sainte-Hélène. En attendant la poursuite de nos recherches, nous pouvons constater déjà que si physiquement Augustin Enjubault était fortement éprouvé, il avait conservé toutes ses capacités intellectuelles pour devenir et rester pendant dix huit ans le premier magistrat de la commune. Les traces de son activité municipale sont tangibles, mais en ce début de XIX ème siècle, après tant d'années de guerres, de souffrances et de privations, les délibérations municipales se rapportaient surtout à des décisions concernant le fonctionnement normal de la vie courante. C'est ainsi qu'en mars 1826, les élus municipaux suivront avec attention l'installation de la cloche de l'église paroissiale donnée par M. Lenoir et que M. Brossier, charpentier de la commune, mettra en place. Deux ans après l'élection du maire, en 1827, la commune comptait 507 habitants, soit une augmentation de 25 personnes par rapport au décompte de 1822. Le 13 septembre 1828, le sous-préfet demandera aux élus qu'un puits situé rue Angevine, jugé dangereux pour la sureté publique, soit comblé. Mais par bon sens, le conseil sollicitera plutôt l'autorisation de le réparer, le jugeant utile en cas d'incendie. En février 1830, la municipalité décidera de la réparation des chemins de Solesmes à Sablé et de Sablé à Parcé. Le 2 août de la même année, le roi Charles X abdiquera en faveur de son fils et c'est le 18 septembre qu'Augustin Enjubault prononcera son acte de serment à la mairie en " jurant fidélité au roy des français, à la chartre constitutionnelle, aux lois du royaume " devant son adjoint et les membres du conseil rassemblés. L'acte municipal le plus fort de son administration communale restera sans aucun doute la décision de la création d'une école de garçons à Solesmes (5). C'est à partir du 2 septembre 1832, certainement dans l'optique de la loi Guizot (juin 1833) sur l'enseignement primaire, que la municipalité commencera à œuvrer dans ce sens. Devant le conseil et en présence des dix personnes les plus imposées de la commune Augustin Enjubault déclarera : " Nous n'avons point d'instituteur pour l'école primaire, par conséquent l'éducation de la jeunesse se trouve négligée. J'ai donc l'honneur de vous proposer l'établissement d'un instituteur ". Il obtiendra alors le vote d'une augmentation d'impôts de 150 francs pour servir à salarier un instituteur. Il faudra attendre le 4 février 1835 afin que se concrétise la décision du conseil de : " louer soixante francs une maison au milieu du bourg pour y installer l'école et le logement de l'instituteur … grand appartement pour bas, appartement de même grandeur pour haut, cour close de murs, lieu d'aisance, jardin adjacent de même clos, maison appartenant à madame veuve Mandinière ". Toujours sous l'impulsion d'Augustin Enjubault, en novembre 1842, le conseil " accepte une rente de 60 francs léguée par Melle Le Conte, dite de Bazinières, pour la rémunération d'une institutrice chargée d'instruire deux filles pauvres de la commune ". En août 1843, le conseil délibérera pour fixer la rétribution mensuelle de l'école primaire et la fixera à : " 1 franc pour ceux qui commencent à lire et à 1,50 franc pour ceux qui lisent et écrivent ". Cette année là sur trente quatre garçons, seulement vingt-deux fréquentèrent l'école. Le 18 août 1843, Augustin Enjubault décède et François Bouteloup lui succède à la mairie le 27 août. La commune compte alors 708 habitants, population qui au cours de ces dix huit années de mandat municipal aura progressé de 200 habitants
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