L'acte de baptême du registre de Solesmes est formel, tant sur l'orthographe du patronyme que sur la date de naissance. L'entête de la notice du dossier de Légion d'honneur (cote L0898042) est identique, sauf que le patronyme devient " Enjubault de Laroche " né le 17/12/1774 à Soleme (sic.) Il n'est pas impossible, par contre, qu'un acte complémentaire qui reste à trouver, ait permis d'ajouter plus tard le surnom de Laroche ou d'autoriser à prendre celui de son père. Surnom ne figurant pas sur son acte de mariage du 25/4/1817, le donnant bien né à Solesmes mais par contre à la date du 17 septembre 1774 ! (et, fils de Joseph Enjubault de la Roche) Enfin, sur le registre des délibérations du Conseil Municipal de Solesmes, Augustin Enjubault signe bien son patronyme avec un E. Ces précisions peuvent paraître futiles au novice, mais elles sont d'une importance capitale pour le chercheur qui doit analyser toutes les données, contrôler ses sources pour éviter de se fourvoyer sur de fausses et inutiles pistes. Au cours des vingt et un ans de carrière militaire dans les armées du Premier Empire, Augustin Enjubault obtient les grades suivants dans le régiment des chasseurs à cheval : - Brigadier le 27 Frimaire An 9 - Maréchal des logis le 1er octobre 1806 - Lieutenant en second le 3 août 1809. Il passera Lieutenant en premier le 27 février 1813. C'est à ce même grade, le 5 août 1814 qu'il sera versé dans le corps royal des chevau-légers lanciers de France. Tard venus dans l'armée impériale, les chevau-légers lanciers français avaient montré à Napoléon que leur arme, la lance, manquait encore à son armée. Il avait alors levé, en Pologne, trois régiments de lanciers et avait ensuite étendu cette innovation à l'armée française en adjoignant aux cuirassiers six régiments de chevau-légers lanciers. Cette lance introduite dans l'équipement de la Grande Armée mesurait exactement 2,75 m. de long. Apparus aux mauvais jours, les élégants chevau-légers entrèrent dans la légende avec la campagne de Russie pour finir à Waterloo. Augustin Enjubault a été affecté au 2ème régiment de chevau-légers lanciers de la Garde Impériale. Ce régiment créé le 13 septembre 1810 est devenu célébre sous le nom de " lanciers rouges. " En janvier 1813, il était fort de 8 escadrons de chacun 250 hommes. En février de la même année, l'escadron des dragons de la garde municipale de Paris y fut intégré, portant l'effectif à 2500 hommes répartis en 10 escadrons. Pendant les Cent-jours, ce régiment fut organisé dans le cadre de la Vieille Garde, sous le nom de régiment de chevau-légers lanciers de la Garde Impériale. Les " lanciers rouges " rivalisèrent de bravoure et se distinguèrent pendant la campagne de Russie. Il ne faut pas s'étonner de la diminution physique d'Augustin Enjubault lorsqu'il reviendra se retirer dans son village natal après une carrière militaire aussi remplie et mouvementée. Pour s'en convaincre il suffit seulement de passer en revue les campagnes militaires à son actif : · Espagne (An 2, An 3) * Italie (An 4, An 5, An 6) * Hélvétie (An 7) * Italie (An 8) * Allemagne (An 9) * Côtes (An 12, An 13) * Grande Armée (An 14, 1806, 1807) * Espagne (1808) * Autriche (1809) * Espagne (1810, 18111) * Russie (1812) * Saxe (1813) * France (1814, 1815) Le 18 juin 1815 à la bataille de Waterloo, après avoir encore été bléssé une fois de plus, il est fait prisonnier. Augustin Enjubault était, à n'en pas douter, d'une très forte constitution pour avoir supporté autant d'années de guerre, loin de son pays et à une époque où les déplacements ne se faisaient qu'à pied ou à cheval, livrant des charges frénétiques au cri de " Vive l'Empereur ! " La tenue était lourde et encombrante pour le cavalier et nombreux étaient les chevau-légers lanciers qui se débarassaient de leur lance ou de leur mousqueton à la première occasion. Forte constitution sans doute, mais aussi certainement forte personnalité et tempérament à toutes épreuves pour " encaisser " autant de blessures. Pour en juger, il suffit de les détailler : Il reçoit un coup de lance à la bataille de Crémone en Italie. Un coup de feu au genou à la Visse en Tyrol (Autriche). Le 8 février 1807, la bataille d'Eylau se déroule pendant la campagne de Prusse. Napoléon talonne l'armée russe commandée par Berningsen à la tête de plus de 60 000 hommes. Les 65 000 hommes de la Grande Armée, affamés, sont épuisés par onze jours de marche forcée, mais la bataille s'engage dès l'aube et se déroule sous une aveuglante tempête de neige. Impressionnante bataille qui fait de 20 à 25 000 victimes du côté français et autant du côté russe. Pour sa part, Augustin Enjubault en reviendra avec " seulement " un coup de baïonnette à la cuisse. Dans l'ambulance, entendra-t-il Napoléon dire après s'être attardé plusieurs jours sur le champ de bataille devenu un véritable charnier : " Pour deux armées qui, pendant une journée entière, se sont fait d'énormes blessures, le champ de bataille appartient à celui, qui, fort de sa constance, ne veut pas le quitter. Celui-là est incontestablement le plus fort ".
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