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" En ce temps là, le village de Saudrupt n'avait pas la propreté actuelle que nous lui connaissons en 1988, mais il y faisait bon vivre ! Les gens qui circulaient dans les rues prenaient le temps de s'arrêter et de bavarder entre eux … Les troupeaux de vaches étaient conduits deux fois par jour à l'abreuvoir en bas du pont enjambant la Saulx. Ils se croisaient avec les laboureurs qui allaient et venaient à leurs travaux des champs. On voyait des défilés de chevaux tractant leurs charrues. Au printemps arrivait le temps des fenaisons et un doux parfum de fleurs et d'herbes séchées remplissait l'air environnant. Au temps des moissons, toutes les familles de cultivateurs participaient à ces travaux particuliers des champs, voisins et enfants pendant la période des vacances, venaient les aider. Il fallait suivre la faucheuse-botteleuse, ramasser les bottes de blé et les mettre en turbettes (mot paysan local : il s'agissait de rassembler une dizaine de bottes, de les assembler debout en tas, les unes contre les autres, les épis vers le haut) sans oublier de les coiffer d'une gerbe que l'on plaçait au dessus, dans la direction des pluies dominantes pour les protéger au maximum de l'humidité. Plus tard, ces turbettes étaient ramassées par les cultivateurs qui empilaient les bottes de blé avec soin dans de longs chariots qui traversaient ensuite le village jusqu'aux granges de stockage, dans l'attente du battage. Derrière les chariots suivaient en cortège insolite, poules, canards, oies et moineaux qui s'empressaient d'avaler les grains de blé s'échappant de ces guimbardes secouées par les irrégularités de la route. Vers l'automne venait la récolte des betteraves destinées à la nourriture des animaux l'hiver. Après l'arrachage, elles étaient mises en tas pendant quelques jours, puis elles étaient rentrées en cave. Il convenait alors de les empiler et de les entasser en rangs serrés jusqu'à la hauteur de la voûte. Bien souvent, j'ai effectué ce travail, un peu pénible, chez notre voisin Armand Guérin, en échange du partage du repas de midi … une bonne soupe au lard avec les légume. C'était un régal pour moi enfant, et puis c'était tellement meilleur chez les autres qu'à la maison !
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SAUDRUPT Après notre réalisation commune de "Saudrupt, Petite Histoire", j'avais sollicité mon père afin qu'il essaye de mettre par écrit les traces de sa jeunesse liées à son village natal. Traces qu'il aimait bien nous raconter lorsque nous étions enfants et qui, je crois, adorait peut-être encore plus raconter à ses petits enfants ! Il avait bien voulu se livrer à cet exercice d'écriture. Jusqu'à maintenant ce document n'est connu que de notre famille. Je le livre aujourd'hui ici, car c'est une petite fresque de la vie locale du village au cours de la première moitié du XXème siècle. C'est un témoignage qui montre aussi combien a été rapide l'évolution de nos campagnes. Puis, comme il aimait à le dire, " … enfant, j'étais toujours aux premières loges pour suivre ce qui se passait dans la commune … " On peut ajouter que toute sa vie et même dans ses vieux jours il a su rester attentif à l'évolution de son village natal auquel il s'était tant attaché. Ses archives sont là pour en témoigner ! Ces écrits n'ont certes pas "la saveur" des paroles avec lesquelles il savait si bien nous raconter ; ils sont un peu plus conventionnels, mais ce texte reste un bon témoignage d'une période de la vie d'autrefois à Saudrupt, pourtant par encore aussi éloignée que cela !
Souvenirs de Jeunesse ... par Maurice Vinot
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