De notre union nous avons eu trois enfants. A l'aîné nous avons donné le prénon de Joseph, le même que le mien, lorsqu'il est né le 1er Septembre 1862. A sa sœur, nous avons donné celui de Marie Célestine le 28 août 1867 et au cadet celui de Clément Joseph, le 21 février 1873.
Notre couple était issu d'une famille rurale, comme beaucoup dans la Sarthe à cette époque. Les routes étaient peu développées dans la région, ce qui posait un problème d'acheminement des marchandises, surtout en hiver. Le transport s'effectuait par voie fluviale sur la Sarthe et également sur le Loir. Il fallait compter dix jours pour aller d'Angers au Lude et six jours pour faire le trajet inverse. Mais, nous arrivions dans une période de profondes mutations. L'évolution des moyens de transport allait en s'amplifiant, tant dans le domaine des techniques et des procédés que dans celui de la vitesse. Au Mans, en 1863, Amédée Bollée inventa la première automobile "L'obéissante" puis, ce fut l'arrivée du train à Sablé-sur-Sarthe, mais il arrivait déjà au Mans depuis 1854.
En plus de mon métier de cultivateur que j'exploitais dans un petit bordage situé dans le triangle formé par Malicorne, Parcé et Arthezé, j'ai développé l'activité d'huilier qu'avait déjà mon père. A sa mort le 4 mai 1873, j'ai repris cette huilerie familiale située à deux kilomètres du bourg de Malicorne.
Localement les huiles de noix, de navette et surtout de pépins de citrouilles étaient notre production essentiellement hivernale.
En Sarthe, l'économie présentait un tableau peu flatteur. Un quart de la population de la ville du Mans et un tiers de celle de Mamers vivait de la charité publique. Les "bons de pain" ou boisseau de mouture remplaçait trois pains de douze livres. Les exploitations agricoles restaient des petites cultures. Quarante sept pour cent étaient inférieures à cinq hectares et soixante douze pour cent inférieures à dix hectares.
La culture du Chanvre y était importante. On comptait jusqu'à 8.450 métiers à tisser et 20.000 personnes dépendaient de cette activité, avec soixante pour cent de main d'œuvre masuline dite "industrielle" La culture céréalière était importante mais d'un faible rendement, surtout au sud du département. Les principales céréales étaient le blé, le méteil, le seigle, l'orge et l'avoine. La culture de la pomme de terre demeurait peu développée par rapport à d'autres régions de France. Le pain représentait une denrée importante que l'on estimait peser quarante pour cent du budget. L'élevage du porc était également important en Sarthe. Mais d'autres industries virent le jour, des papeteries, des fonderies, des scieries et des mines, surtout de marbre et d'anthracite. A Yvré-l'Evêque s'installa la première filature industrielle. On n'y mélangeait pas les sexes … "foyer de perdition" pour le clergé ! Après 1850, l'agriculture se développa avec l'augmentation de terres labourables, de cultures fourragères et de prairies artificielles. Les pâtis et les landes diminuaient et les rendements s'amélioraient grâce au chaulage des terres.
Nous avancions en âge et les événements politiques annoncés n'étaient pas très rassurants. Nos enfants grandissaient. Le 9 juin 1914, nous avons alors décidé de réaliser une dotation entre vifs, à titre de partage anticipé à nos trois enfants, devant Maître Louis Dutertre, notaire à Malicorne.
Je crois qu'il n'était que temps. La première guerre mondiale fut déclarée au mois d'août et le 24 novembre 1914, mon épouse Marie Modeste, mouru à notre domicile familial de La Croix du Châtelet, âgée de quatre vingt ans.
Le 23 mars 1918, à quatre vingt six ans, je rendis l'âme chez mon fils qui demeurait Aux Epinais à Malicorne.
Les méandres de la généalogie laissent parfois apparaître quelques surprises. En effet, le petit-fils de Marie Modeste Naveau, Clément Bry, a épousé Berthe Naveau la petit-fille de sa sœur Henriette, le 21 octobre 1918 à Malicorne. Il se trouve que ce sont les grands-parents de l'épouse de mon descendant.
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