Joseph Désiré Bourtaire Comme pour Jean François, et avec honneur puisqu'introduit par Baudelaire, je vais vous conduire vers la mer, mais par une toute autre facette. Ville portuaire de la Manche, sur la côte Nord du Cotentin, Cherbourg a subit au IXème siècle les incursions répétées des Normands qui s'y établissèrent définitivement en 911. Elle passa aux mains des Anglais lorsque les ducs de Normandie furent devenus rois d'Angleterre. Ce n'est qu'en 1450 que la ville revient définitivement à la France, bien que les Anglais tentèrent encore de la reprendre à plusieurs reprises, mais en vain. Pourtant en 1758, au cours de la guerre de Sept Ans, il s'en emparèrent sans combat, la pillèrent et démolirent son port. Au début du XIVème siècle, Philippe le Bel entoura la ville d'une enceinte fortifiée que plus tard, Louis XIV fera démolir ainsi que les remparts. Cependant, il confiera à Vauban le soin d'assurer la défense de cette " cité audacieuse et considérable " En 1784, sur les plans de la Bretonnière, Louis XVI fera fermer la rade par une digue ; travaux que poursuivra Napoléon 1er sur des bases nouvelles. La construction du grand port militaire, taillé dans le roc, restera son œuvre. En remerciement de l'accueil reçu par la ville le 26 mai 1811, lors de sa visite avec l'Impératrice Marie Louise, il élèvera Cherbourg en chef lieu d'arrondissement et la décrétera préfecture militaire. C'est dans cette ville, chargée d'histoire, que ma mère me mit au monde le 30 novembre 1823. Mes parents se nommaient Joseph Bourtaire et Estelle Laloi. Il y avait déjà huit ans que Napoléon 1er avait abdiqué. Le Roi Louis XVIII lui avait succédé en 1815 et je n'avais pas encore un an sonné, lorsque Charles X s'apprêta à régner à son tour. Je suis issu d'une famille d'officiers de marine originaire de Biarritz, en pays Basque. Au moment de ma naissance, mon père Joseph Bourtaire était officier de la marine royale et commandait le port maritime de Cherbourg. Il avait débuté sa carrière en 1803, année où le livret ouvrier était devenu obligatoire. Ainsi tout ouvrier qui voyageait sans ce livret était réputé vagabond et condamné comme tel ; mesure qui finira par être abolie seulement en 1890. C'est en cette année 1803 qu'il s'embarqua sur la goélette " L'Oiseau " pour aller parcourir les mers suivant la tradition corsaire. A cette époque, les corsaires étaient maintes fois fait prisonniers par les Espagnols et les Anglais. En remerciement de ses bons services, telles les prises de bateaux à l'ennemi au cours de batailles, c'est le roi Charles X qui lui décernera les insignes de la Légion d'Honneur. Resté célibataire jusqu'à l'âge de trente six ans, il s'était seulement décidé à fonder un foyer en 1819 en prenant pour épouse Estelle Laloi, ma mère, une gentille normande fille de marin de la royale et de dix huit ans sa cadette. J'étais le second d'une fraterie de sept enfants, mais le premier garçon. Sans doute très attendu par mes parents, il me donnèrent comme second prénom celui de Désiré. Ainsi par moi, le patronyme Bourtaire pu prendre rang pour la postérité ! Les journées révolutionnaires parisiennes des Trois Glorieuses les 27, 28 et 29 juillet 1830 mirent fin au régime monarchique et le fils de Philippe Egalité acceptera le titre de lieutenant général du royaume. Ce choix sera confirmé par Charles X qui abdiquera et s'embarquera le 16 août 1830 à Cherbourg pour s'exiler en Angleterre. Louis Philippe monta alors sur le trône comme roi des Français et non plus comme roi de la France, en prêtant serment d'observer la Charte. Cette charte révisée, limitait cependant les concessions libérales mais elle viendra mécontenter tout le monde pour finir à son tour dans l'émeute de février 1848. Comme l'a dit tout à l'heure François, je laisse aussi à Pierre le soin de nous résumer cette période difficile.
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