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Procès verbal de la séance du 19 août 1848 du
Club Ste-Croix de la Bretonnerie écrit par
Joseph Louis Delbrouck.
" Je ne décrirai pas les divers épisodes de la triste insurrection de juin qui a ensanglanté et (je le dis avec douleur) presque anéanti la République. J'essaierai seulement de faire l'histoire de cette insurrection, d'en examiner brièvement les causes, les effets, les suites.
Cette tâche est difficile, mais nous ne pouvons rouvrir nos Clubs sans jeter en arrière un regard qui nous éclairera sur le présent et nous fera peut-être entrevoir l'avenir que par les résultats de notre éducation politique, nous espérons continuer à préparer.
Jusqu'au 20 juin, les travaux de l'assemblée nationale n'avaient apporté aucune amélioration aux classes laborieuses ; et malheureusement des paroles peu charitables de quelques représentants contre leurs citoyens, leurs frères, composant les Ateliers Nationaux avaient jeté dans l'esprit de ceux-ci de la défiance qui s'augmentait chaque jour par les mesures brutales employées pour la fermeture de ces ateliers.
On disait et il faut l'avouer (les actes de l'assemblée justifiaient ces soupçons) que les réactionnaires voulaient exaspérer le Peuple afin d'en finir.
En effet, la menace de rétablissement du cautionnement des journaux, le renvoi des clubs des monuments publics étaient des attaques à la liberté de la presse et au droit de réunion que le peuple pensait avoir reconquis par la révolution de février. Mais une mesure plus irritante encore vint frapper les ouvriers des ateliers nationaux que l'on voulut licencier à tout prix, au lieu de remédier à leur mauvaise organisation.
Il fut décidé que tous les ouvriers de 17 à 25 ans faisant partie des ateliers, devaient s'engager dans l'Armée ; c'était donc placer ces citoyens dans l'alternative du service militaire forcé ou de mourir de fait. C'était donc provoquer l'insurrection.
Elle commença en effet le jeudi soir 22 juin. Une grande partie des ouvriers des ateliers nationaux commença cette insurrection qu'il était encore temps de prévenir.
Le vendredi à 11 heures du matin, des ouvriers élevaient une barricade à la Porte Saint-Denis ; des Gardes Nationaux arrivent et sans sommation font feu sur les groupes ; ainsi commença cette guerre horrible où des deux côtés on se battait aux cris de Vive la République. Les ouvriers chantaient : du travail, du travail ou du plomb. Leur vœu fut exaucé.
La Garde Nationale qui devrait toujours (comme au 24 février) être la conciliatrice entre le Peuple et le pouvoir ; la Garde Nationale ; qui par sa contenance ferme, mais sans violence, aurait dû empêcher la construction de barricades et présenter au pouvoir les vœux des insurgés se retira d'abord puis, appuyée par la troupe de ligne et la garde mobile, elle revint combattre ceux qu'elle aurait dû protéger.
Je dois cependant justifier la Garde Nationale en disant qu'elle pensait combattre des misérables voulant le meurtre et le pillage ; c'est une erreur qui n'est pas encore dissipée.
Les insurgés furent coupables, sans doute, d'en appeler à la force brutale pour renverser une assemblée proclamée par le suffrage universel ; sous ce rapport je ne les justifie que par la misère et par la défiance dont ils étaient victimes, mais ils sont déjà purifiés des calomnies dont ils ont été souillés.
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