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Il s'est glissé parmi eux des bandits qui, comme au 24 février ont souillé les hommes dont ils paraissaient embrasser la cause. Oh, je ne viens pas défendre les lâches assassins du général Bréa. Honte ! Honte ! à ces infâmes qui semblables aux inquisiteurs du Moyen-Age ont couvert leur cruauté d'une sainte cause ! Oh, non, nous Démocrates-socialistes, nous défendons parmi les insurgés, ces malheureux, égarés et coupables par impatience et malgré leur faute, nous les reconnaissons toujours pour nos frères, nous ne les renierons jamais !! C'est pourquoi nous ne rougissons pas d'appeler sur eux la clémence des vainqueurs qui sont aussi nos frères. Aux uns égarés par une éducation égoïste, nous disons : pitié, pitié pour nos frères vaincus aujourd'hui mais qui vainqueurs en février ont été cléments et magnanimes. Comment les souiller du nom de pillards, ces hommes qui en février ont été plusieurs jours maîtres de Paris ; qui en juin ont été trois jours maîtres absolus et paisibles du faubourg Saint-Antoine, plusieurs heures, de la place des Vosges et de divers quartiers de Paris. Où sont donc les maisons qu'ils ont pillées ? Je n'essaierai même pas de les défendre des accusations infâmes d'empoisonnements et de mutilations dont ils sont justifiés maintenant. Leur acharnement dans la défense s'explique, parce qu'ils savaient que les vainqueurs fusillaient une grande partie de prisonniers. Rendons grâce à ceux des Gardes Nationaux et aux représentants qui ont sauvé plusieurs malheureux sur le point d'être fusillés par les gardes mobiles. J'éprouve une grande joie à vous citer parmi ces hommes généreux, le citoyen Huguenet, chapelier, ancien membre du Club Démocratique des Blancs-Manteaux et alors garde républicain ; ce généreux jeune homme, en ma présence, arracha des mains des gardes mobiles un insurgé qu'ils voulaient fusiller ; il leur enleva au péril de sa vie. Ce ne fut ni le premier, ni le dernier service de ce genre que le citoyen Huguenet rendit à l'humanité. Et parmi ces généreux citoyens qui ont exposé leur vie pour arrêter l'effusion de sang, nous n'oublierons jamais l'Archevêque, glorieux martyr de son devoir (1) Telles sont les causes de l'insurrection de juin ; les résultats sont aussi tristes : en France, à l'étranger, on nous considère comme indignes du titre de républicains ; aussi notre république est-elle chancelante et ébranlée, encore par plusieurs de ceux qui ont été nommés pour la soutenir. Mais quelques soient leur audace et notre indignation, ne recourons pas à la force ; car la République ne survivrait peut-être pas à une autre insurrection ; travaillons sans relâche à l'amélioration de nos idées et marchons avec confiance vers la réforme sociale que nos guerres intestines ne pourraient que retarder. Le socialisme est le seul remède qui doit nous sauver de cette crise terrible. Depuis deux mois l'état de siège pèse sur Paris, il ne sera probablement levé qu'après le vote de la Constitution et après le jugement des insurgés ; un grand nombre a déjà été transporté dans des îles voisines des côtes de France ; on espère que cet éloignement n'est que momentané car un grand nombre de ces malheureux a été jugé sans être entendus et plusieurs peuvent prouver leur innocence. Les juges ont voulu trouver une conspiration ayant préparé l'insurrection de juin et se reliant avec celle du 15 mai.
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