Notre seconde fille, Elise, est née le 15 janvier 1868. C'était l'année du vote de la loi Neil sur l'armée. Celle de la loi de libéralisation de la presse et du rétablissement du droit des réunions politiques en période électorale. Notre fils Léon, l'aîné des garçons, est né le 3 juin 1869, l'année où Flaubert a publié " L'éducation sentimentale ". A Paris s'ouvrirent les magasins de " La Samaritaine " et à Oyonnax le celluloïd fut fabriqué pour la première fois. Notre dernier enfant, Olivier, est né le 14 janvier 1871, quelques semaines avant l'amistice de la guerre de 1871-1871, signée par Jules Favre. Cette guerre franco-prussienne de courte durée, fut déclenchée par la légèreté de Napoléon III et des responsables français, suite à la fameuse dépêche d'Ems. L'effondrement de l'armée impériale de Napoléon III après un mois de combats amena la chute de l'empire, le 4 septembre 1870, deux jours après la bataille de Sedan. La Troisième République fut proclamée à Paris en même temps que la déchéance de l'empereur. Les soldats prussiens sont même venus jusqu'à Dissé. Au Mans, s'est déroulée une bataille sanglante. Les soldats allemands, aux casques à pointe, sont entrés jusque dans notre épicerie. Les Uhlans s'y sont servis à leur aise, mais sont repartis sans faire aucun acte de violence. Le 8 février 1871, des élections générales donnèrent à la France une Assemblée qui se réunit à Bordeaux. Thiers fut nommé chef du gouvernement et muni des pleins pouvoirs il alla négocier avec Bismarck. Il se rendit à Versailles pour se voir imposer les conditions du vainqueur : outre L'Alsace moins Belfort, le France devait céder une partie de la Lorraine avec Metz et verser une indemnité de cinq milliards de francs-or. Cependant, la Commune de Paris retarda cette ratification de traité jusqu'au 10 mai 1871. A l'aube du 18 mars, " Paris la misère " se transforma brusquement en " Paris la colère " et une explosion soudaine déconcerta les membres du gouvernement repliés à Versailles et les chefs révolutionnaires restés à Paris. La Commune résista aux Versaillais pendant soixante douze jours et se termina par ce que l'on appela " la semaine sanglante ". Dans la suite de notre vie, malgré le refus des parents de Laurence à consentir à notre mariage, nos relations familiales se renouèrent. Mon beau-père, dans sa vieillesse traversa une épreuve difficile car il fut ruiné par l'indélicatesse du notaire auquel il avait toujours fait confiance. Comme il était un homme honnête, il vendit tous ses biens pour rembourser. A notre tour, nous avons dû vendre notre épicerie de Dissé pour lui venir aussi en aide. C'est le 2 janvier 1889, que ma femme Laurence nous quitta. Quant à moi, le 8 novembre 1891 j'allais la rejoindre. Figurez-vous, que c'est seulement par notre mariage que la descendance a pu être assurée. Les autres membres de nos familles sont tous décédés sans postérité. L'acte respectueux fut donc pour nous en quelque sorte, un fabuleux contrat d'hérédité !
[./winter_indexpag.html]
[./page_41pag.html]
[./page_43pag.html]
[Web Creator] [LMSOFT]