Pauline Roland, Jeanne Deroin et Louise Nicaud sont incarcérées à Saint-Lazare dès leur arrestation. Libérée le 2 juillet 1851, Pauline Roland écrit : " Loin de sentir au-dedans de moi cette joie qu'éprouvaient la plupart des captifs en recouvrant la liberté, je sens une sorte de terreur à cette idée de n'être plus abritée contre le monde par ces grandes murailles ", puis elle se dépense en visites auprès de ses amis arrêtés. Elle est de nouveau emprisonnée à Saint-Lazare le 6 février 1852 après la répression qui suit le coup d'état du 2 décembre 1851. Déportée en Algérie, ballottée de ville en ville, dans sa captivité elle écrit à ses nombreux amis, dont Armand Barbès. Elle meurt un an plus tard, le 16 décembre 1852 sur le chemin du retour, après avoir été amnistiée. George Sand écrit pour sa part, en parlant d'elle : " Cette tête exaltée et généreuse, cette femme qui avait les illusions d'un enfant, le caractère d'un héros, cette folle, cette martyre, cette sainte … "
Détenu politique
Le 2 juin 1850, Joseph Louis Delbrouck entame sa détention préventive comme détenu politique à la prison de Mazas (4ème division, 98) après l'instruction conduite par le juge Brault (Arch. Préf. Police AE/76-19)
Le 8 août 1850, il bénéficie d'une autorisation de sortie pour se rendre chez son cousin Denier, puis chez son oncle Augé de Fleury, frère de sa mère et ancien maire et notaire de Passy , qui vient dé décéder, mais il n'a pas le temps de régler ses affaires en totalité. Pour pouvoir le faire correctement, il sollicite une nouvelle demande en expliquant " qu'arrêté depuis trois mois comme délégué d'association ouvrière, il a plusieurs affaires à régler suite au décès de son oncle et qu'il doit également prendre des dispositions au sujet d'un travail qu'il fait pour l'exposition de novembre "
Les conditions de détention dans la prison cellulaire de Mazas sont assez difficiles et son cousin Denier cherche de son côté à lui obtenir un adoucissement car il est souffrant. Il demande encore pour lui une dispense : " M.Delbrouck se dispose à envoyer un grand dessin à l'exposition et il ne peut y travailler dans sa cellule. Pour ces motifs, je me joins à M.Delbrouck pour vous prier de bien vouloir lui accorder la faveur d'un changement de prison, qui faciliterait le rétablissement de sa santé délabrée, et lui permettrait de s'occuper de ses travaux " L'Administration se laisse toucher et le fait transférer à Sainte-Pélagie (3ème travée, pavillon de l'Est) dans la prison qui se situe près de l'hôpital de la Pitié, où l'on enferme de plus en plus de détenus politiques. Dans cette prison se trouve aussi actuellement Proudhon, gérant du " Peuple " condamné pour reproduction, le 7 avril 1849, d'un article de Lamennais, déjà interdit.
Notre prisonnier sollicite lui-même une nouvelle sortie par une lettre qu'il écrit au préfet de police le 4 janvier 1851 pour pouvoir se rendre au chevet de sa cousine gravement malade. Elle souffre d'une affection chronique et son état est alarmant, comme le précise un certificat du célèbre professeur Velpeau. Ce dernier confirme que la maladie " fait notable progrès " Le préfet de police refuse la première demande, mais le 18 janvier Joseph Louis Delbrouck la renouvelle en lui écrivant : " La maladie de ma seconde mère s'aggrave tous les jours ; je ne puis croire que vous refusiez une sortie pour aller voir cette pauvre femme qui me demande sans cesse … " C'est chez ses cousins Denier que Joseph Louis Delbrouck vit depuis qu'il a quitté la capitale rémoise. La 21 janvier, Jennesson, chef de division de la préfecture de police, fait vérifier le bien fondé de cette demande en sollicitant le chef de la police municipale de vérifier cette allégation et un second rapport du 24 janvier précise qu'il peut alors de rendre aux côtés de sa cousine dont l'état de santé se dégrade de jour en jour, pour lui apporter quelque réconfort. Un certain Nombral, effectue à son tour une intervention en sa faveur auprès du préfet de police le 20 janvier 1851, en raison de l'état de santé aggravé de sa cousine. En effet, le problème est qu'un convoi de prisonniers doit partir à la déportation pour Belle-Ile et qu'il craint que Delbrouck ne fasse partie de celui-ci. S'il part maintenant, il a peu de chance de pouvoir assister sa cousine dans ses derniers moments.
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