Le 5 octobre suivant, après avoir été invités par la presse à adhérer à l'union, les délégués de cent quatre associations ouvrières adoptent, à l'unanimité, le projet présenté et ainsi naît l'Union des Associations de Travailleurs, dite encore Union des Associations Fraternelles. Le 22 novembre, le contrat d'union est légalement enregistré. Courant décembre, l'Union reçoit même les encouragements de Louis Blanc. Mais l'activité de l'Union inquiète les patrons et la police assiste aux réunions. Il est alors décidé de transférer les locaux au numéro 37 de la rue Michel-le-Comte et l'Union prend ainsi la dénomination d'Union des Travailleurs de la rue Michel-le-Comte. Un certain Boutel rapporte à la police qu'au cours des assemblées, on y fait de la propagande socialiste. Il faut souligner que pour la majorité conservatrice, l'idée d'association se trouve étroitement liée à l'idéologie socialiste. Pour frapper les sociétés dites de résistance qui peuvent se cacher derrière les associations, le Second Empire entreprend la dissolution des sociétés de secours mutuels dont le but n'est pas uniquement une activité de bienfaisance. Arrestation et procès de 1850 Le 29 mai 1850, quatre vingt policiers envahissent les locaux de la rue Michel-le-Comte pour une perquisition vers vingt deux heures où se déroule une assemblée. L'opération est menée par le commissaire de police Bellanger. Les magistrats du parti de l'ordre ordonnent la démission de l'Union et font procéder à de nombreuses arrestations. Quarante sept personnes, dont neuf femmes, sont arrêtées. Parmi elles, Jeanne Deroin, Pauline Roland, Louise Nicaud. Joseph Louis Delbrouck fait également partie du groupe. L'inculpation porte sur un délit de fabrication de munitions de guerre, mais on le transforme en délit de réunion non publique à but politique ! Les inculpés sont emprisonnés dès leur arrestation, puis ils passent en cours d'Assises le 13 novembre 1850. C'est Joseph Louis Delbrouck, membre de l'association des maçons, qui présente la défense commune. Tous les accusés sont soupçonnés de préparer à travers l'Union des Associations, le renversement de l'ordre bourgeois. Joseph Louis Delbrouck lit un véritable mémoire qui constate le mouvement irrésistible de la concentration capitaliste permettant aux grandes compagnies financières et industrielles qui se créent depuis une dizaine d'années, de réaliser, sous la protection de l'Etat, une mainmise progressive sur tous les moyens de production. Il démontre qu'il y a nécessité absolue et légitime, pour les travailleurs, de s'entendre afin de pouvoir lutter contre un avenir menaçant qui livre les bras à la discrétion des capitaux coalisés, avec la complicité des lois. (Dictionnaire du Mouvement Ouvrier, J. MAITRON Edit. Ouv. 1968) Ces condamnations mettent, en quelque sorte, fin à l'immense espoir qui s'est dessiné dans le monde ouvrier, pour l'avènement d'une société plus libérale et plus sociale. Dans son plaidoyer Joseph Louis Delbrouck dit en s'adressant aux jurés : " ne punissez pas ces travailleurs de leur dévouement, de leur abgnégation, ce serait inhumain, impolitique ; n'ajoutez pas aux rigueurs de la prison cellulaire souffertes pendant six mois, et qui à causé la mort, une condamnation que la Cour appliquerait le plus durement possible. Selon vous, peut-être, le principe d'association est mauvais ; pourquoi alors empêcher la démonstration de cette erreur ? Laissez les ouvriers constater par eux-mêmes les mauvais résultats de leurs expériences … ne détruisez pas la confiance qui renaît entre les citoyens … " Puis, les plaidoiries terminées, lorsque le président demande aux prévenus s'ils ont quelque chose à ajouter pour leur défense, Joseph Louis Delbrouck déclare : " Que dans l'hypothèse d'une condamnation, comme fondateur et initiateur de l'association, je réclame le privilège d'être seul condamné et supplie le jury d'acquitter tous mes co-détenus " (La gazette des Tribunaux des 13 et 15 novembre 1850)
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