Notre pays venait de sortir de la seconde guerre mondiale, mais il se trouvait handicapé par l'absence de représentation législative destinée à élaborer les lois et surtout à contrôler les actes du pouvoir exécutif. Mon but ici n'est pas d'entrer plus avant dans l'Histoire de France, mais cette période est une époque charnière de la politique française. Le général de Gaulle, souhaitant maintenir l'unité nationale et restaurer l'autorité de l'Etat, fonde alors le RPF. Ce mouvement politique, dont Jacques Soustelle devient le secrétaire général, reçoit d'emblée le soutien d'anciens résistants et de personnalités civiles qui servent de cadres régionaux et départementaux. Mon grand-père maternel était de ceux là. Le 18 juin 1949, je venais d'avoir un an, il écrivait cette lettre qui témoignait bien de l'importance de l'idéal de ses convictions. " RPF Région Parisienne, Département de Seine et Oise, 18 juin 1949. Peuple de France, Compagnons, La victoire, notre victoire, est brisée par les politiciens, les attentistes, nés et grandis sous le signe de la défaite, ces hommes ont des âmes de vaincus. Et ces vaincus gouvernent les victorieux que nous sommes et la France victorieuse par nous. La plaisanterie tragique a assez duré, place à ceux qui veulent refaire la France, place aux combattants méconnus. On nous dit que nous ne devions pas faire de politique parce que la politique divise. Oui, la politique que font les politiciens, oui, celle-là divise ! Mais celle que nous avons faite le 18 juin 1940 à la Libération, cette politique-là rassemble toutes les forces du pays et sauve la France. Les champs de bataille, la clandestinité, nous ont enseigné sa loi, loi de la fraternité nationale, animée par l'esprit héroïque agissant sous l'autorité d'un chef, pour la grandeur de la Patrie, ce chef Charles de Gaulle. Il faut la reprendre et agir. Il est inadmissible, il est honteux qu'on ait fait de nous de simples quémandeurs, qui sollicitent un idéal meilleur pour les souffrances subies. Nous n'avons pas fait la guerre pendant des années, construit jour par jour, sang à sang, la Victoire, pour nous enfouir dans des organisations où se défendent des intérêts particuliers, nos intérêts particuliers, Combattants, Résistants ou non, ce sont ceux de nos familles, de nos métiers, de nos régions ! Mais, comme Combattants, nous avons une âme, un destin à défendre. L'âme haute, c'est celle des morts. Le Destin est magnifique, c'est celui de la France. Tout ce que nous aimons est menacé, les mutilés, les fils de nos Compagnons sont bernés, les portes du pays sont ouvertes à ceux qui nous ont poignardé dans le dos ; la France subit l'insulte des bolcheviques, l'étranger nous prend en pitié, l'armature de l'Etat se décompose et craque. De notre victoire, de la Libération, il ne reste plus rien ! Il nous reste heureusement le sentiment de la force française, de cette force qui est la nôtre et qui a étonné le monde, il y a 9 ans. C'est immense, c'est essentiel. Chaque génération doit prendre le flambeau à son tour. Celles qui nous ont précédées l'ont porté timidement, honteusement presque. Ni la défaite, ni l'occupation, ni la victoire ne leur ont rien appris. Elles continuent d'admettre et de subir l'action dissolvante de l'esprit politicien. Notre devoir à nous, c'est de reprendre dans des mains plus vigoureuses le flambeau de la France et de le porter hautement, fièrement. Les générations plus jeunes attendent de nous le signe et la direction. La guerre a fait des morts dont l'esprit ne meurt pas. Elle a formé des vivants qui ont une tâche à accomplir. Levons-nous donc, les Victorieux. Français, Compagnons, debout, serrons les rangs, derrière lui, derrière de Gaulle. Rassemblons-nous et nous sauverons la France. Le compagnon : G. Pierron. "
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