Les tourteaux : Les tourteaux, les " pains " constituaient le bénéfice de l'huilier. Il ne demandait jamais rien pour faire de l'huile ; les tourteaux étaient son salaire. Il en prenait le plus grand soin : aussitôt sortis de la presse pour la deuxième fois, il les laissait refroidir, puis à la plane il enlevait toutes les bavures. Le " pain " bien régulier et très dur ressemblait à une épaisse dalle carrée de 15 kgs environ. Il les empilait, par catégorie, le long des murs. Tous se reconnaissaient facilement ; le " pain " de noix d'un blanc sale, le " pain " de pavot gros rosé, le " pain " de colza tout vert et le " pain " de navette tout jaune. Dans le " pain " de graines de lin on voyait les écorces brunes et dans celui de faine également. Comme les tourteaux étaient son seul bénéfice, il arrivait que l'huilier, pour en avoir davantage, y incorporait des graines sans valeur qui auraient étaient perdues. Il profitait de la re-presse pour mélanger au tourteau broyé des " sénés " moutarde des champ, des " mûches " mélilot (herbe odorante), de la graine de murette. Dans cette opération, il négligeait l'huile et ne cherchait que le " pain " Il les vendait à un marchand qui venait en prendre livraison deux ou trois fois chaque hiver. Les tourteaux se payaient 10 à 15 francs le quintal (100 Kgs) suivant la graine. Les meilleurs étaient ceux d'œillette et de colza, et les moins chers étaient ceux des faines. A cette époque, on ignorait totalement que ces tourteaux pouvaient servir à l'alimentation du bétail ou comme engrais. Les temps changent, les fabrications actuelles sont concentrées dans les grandes usines et les petites sont disparues ; disparus aussi les artisans locaux. Que de progrès ! Il faut s'en réjouir, mais n'est-ce pas mieux d'évaluer l'étape parcourue que de rappeler ces vieux travaux et ces procédés primitifs. Voici donc comment Louis Lavigne décrivait les travaux de l'huilier dans nos villages d'alors. Ajoutons encore qu'avec les tourteaux, après l'extraction de l'huile, on effectuait une autre passée que l'on écrasait sous la meule. On obtenait ainsi une fine poudre que l'on chauffait et que l'on pressait pour obtenir l'huile " noire " qui était utilisée pour l'éclairage avant la lampe à pétrole.
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