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Les soldats ont faits une vie terrible à la pauvre mère Malvaux, je crois même qu'ils l'ont battue. A moi, ils n'ont rien volé sauf quelques cuillères que je leur avais prêté et qu'ils ne m'ont pas rendu. Ainsi que quelques bricoles qui n'ont pas de valeur. Quant à l'avoine, ils n'y ont pas touché alors que dans beaucoup d'autres maisons ils n'ont pas laissé un grain. J'ai au moins 50 fagots de brûlés. Les asperges n'ont pas été dérangées.
Toute notre salade qui était bonne à manger, ils ont marché dessus, les poireaux on n'en voit plus, tu verras quand du reviendras. J'était content que tu n'étais pas là. Tu aurais été épouvantée de voir autant de monde chez nous.
Enfin, je m'en suis tiré du mieux que j'ai pu, tout en les flattant malgré moi, mais il fallait le faire pour ne pas être pillé. Le même jour à Brillon, ils ont eu leur part. Mon père en a eu aussi. Ils ont bu le reste de son vin, ils lui ont pris un jambon dans la cave, ont faits 5 ou 6 feux dans leur petit jardin, pense comme ils sont désolés. On leur a pris des gerbes de blé et d'avoine, leur paille et leur fourrage. Il y avait au moins 40 chevaux chez lui.
Jeudi 25 Août 1870
Les Wurtembourgeois vont partir. J'ai fait le café à mes 4 officiers.
A 7 heures, l'infanterie est sortie de Saudrupt en musique. Les troupes qui étaient restées à Baudonvillers et Sommelonne ont passées à Saudrupt à 11 heures. Ils ont pris beaucoup à Saudrupt. Chez Guérin, 2 bœufs, Depaquis 3 vaches, 1 vache chez l'oncle Nicolas François Martinet, Bidaut, Dalischamps, chez Victoire Dubois ses 2 vaches ont été prises au bois.
Tu vois ce que c'est la guerre, on a plus rien chez soi, tout leur appartient.
Notre semoir nous a été volé, je ne m'aperçois de rien d'autre. Nous avons fait le recensement avec Mr Gervaise et Mr Colard, des bestiaux enlevés, pense quelle tristesse dans le pays.
Le pauvre Jules Guérin, pour la première année de mariage a été joliment étrié. Il a eu au moins 40 chevaux à nourrir pendant 3 jours. Ils les ont attaché près de sa terre de blé et d'avoine et jetaient le foin sous les pieds de leurs chevaux. Chez Guérin, chez Tata, ils ont trouvé du kirsch et du café, pense la vie qu'ils ont fait. La maison de Totor était au pillage. Pour moi, j'étais assez tranquille malgré tous les dégâts que j'ai eu. Le soir il est venu 40 hommes coucher à Saudrupt avec 400 bœufs pour les tuer ; et de beaux bœufs. Ils pesaient les plus petits 500 kgs. Pour ma part, j'en avait plein notre grange du côté de la route et 3 hommes à nourrir. Chez Jules Guérin, ils s'étaient mis encore dans sa grange sur ses tas de blé et d'avoine. Nous avons bien du mal avec Mr Gervaise, son père, Mr Galard et l'oncle Petitjean de faire comprendre au chef de les faire sortir. On les a mis chez Mr Parisot. Ne craint rien, Mr Parisot payera cher son voyage il a une masse de bière et limonade volée, presque tout son vin en bouteilles, pour lui, ça ne fait pas de peine. Mr Briot (Télésphore) a manqué d'être tué pour ne pas avoir fourni ce qu'ils demandaient. Il s'est sauvé en laissant l'oncle Petitjean en plan, se démêler.
Vendredi 26 Août 1870
Les bœufs et leurs conducteurs sont partis ce matin sans bruit. La nuit a été tranquille. Dans la journée, nous avons eu des uhlans en reconnaissances par 4 ou 5 reprises. Vers 3 heures du soir, alors que tout le monde pensait qu'il ne viendrait plus personne, il arrive encore une réquisition de mauvais prussiens qui demandent 10 miches de pain, 5 sacs d'avoine, puis du vin. Nous avons resté avec eux. Nous étions avec l'oncle Petitjean, Mr Gervaise et Mr Colard. On marchande avec eux, comme si on était obligé de leur donner, puis sitôt servi, ils sont partis. C'était Chopin de Brillon qui les conduisait. J'ai donné l'avoine 15 boisseaux ce jour, car j'avais peur qu'on me le vole. J'ai préféré le vendre à la commune, car beaucoup de monde disait que je n'avais encore rien fournit.
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