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Dimanche 28 Août 1870 De toute la matinée, comme hier, on a vu personne. Je me suis beaucoup ennuyé ce dimanche parce qu'il pleuvait et que je voyais ce que j'avais de perte de fourrage et grains. De voir notre pauvre salade marchée par ces gredins de Prussiens, tu as de la chance de ne pas voir tous ces beaux cocos là. Tu ne peux pas te figurer ce qu'ils ont la mise mauvaise. Lundi 29 Août 1870 Nous avons été très tranquilles. On a même réuni le Conseil. J'étais déjà délégué depuis l'invasion pour avoir le soir, des vivres avec Mr Gervaise et Mr Colard. Nous avons aussi une commission pour nous seconder, car le père Briot nous laissera piller. Il tremble parce qu'il a été menacé d'être fusillé par les Prussiens. Mais nous ne craignons rien, nous deux Mr Gervaise. Nous sommes toujours là sitôt qu'il arrive un détachement. Nous marchandons avec eux, soit pour vin, lard ou pain. Quant au vin, je leur arrange : Je veux qu'il soit chrétien. Je le baptise pour les réquisitions. Nous traitons le meilleur marché possible, quoique cependant on leur dit que nous n'avons plus rien très poliment comme si c'était nos amis. Je fais l'hypocrite, car je leur parle beau, c'est malgré moi. Ils nous donnent des poignées de mains. Vers 2 heures, un détachement de dragons est venu en réquisition. Ils nous demandent 200 sacs d'avoine, 4 chariots de fourrage et d'atteler 4 chevaux. Nous avons traité avec eux pour 25 sacs et une voiture de fourrage. Je leur ai mis des sacs de 4 boisseaux et nous leur avons donné une voiture de mauvaise luzerne. Ils étaient très gentils, aussi nous les recevons poliment en disant que nous sommes à leurs ordres tout en les volant le plus possible. Mr Briot a été voir le préfet prussien " Mr Fontesheim " pour voir ce que l'invasion nous serait payée et comment il fallait nous y prendre. (Lui il chie dans ses culottes. De la peur, il baisse la tête comme s'il avait fait un crime tellement il a peur). Le pauvre Jules Guérin n'a pas toujours de la chance, comme dit sa grosse Zoë, car aujourd'hui les soldats prussiens lui ont volé sa jument ; il était à la charrue, il a voulu se sauver dans les bois, mais ces brigands l'ont rattrapé. Il a encore un peu de chance, il a pu en sauver une, alors qu'ils courraient pour lui voler l'autre aussi. Nous avons eu encore aujourd'hui un détachement de fantassins qui sont venus nous demander à goûter. Nous leur avons servi lentement du pain, du lard et du vin. (15 litres pour 40 hommes). Tu sais que nous les traitons avec modération pour qu'ils ne soient pas trop méchants. Mardi 30 Août 1870 Nous avons été très tranquilles toute la nuit. Dans la journée, nous n'avons vu que des soldats malades dans des voitures. Ils ont la foirée à ne foutre rien que de manger du pain, du lard cru et des pommes vertes. Notre chien n'est pas si dégoûtant et il faut qu'ils aient un rude cœur pour avoir de l'appétit, arrangés comme ils sont. Mercredi 31 Août 1870 La matinée a été assez tranquille, seulement nous avons eu comme (d'habitude) tous les jours des foireux qui se rendent à l'hôpital de Bar, qui ont demandés à manger, puis 1 cheval pour conduire leurs bagages. Dans l'après-midi un escadron. Les chariots de blessés et malades. Toute la journée, il passe des voitures de malades. Les soldats aiment bien les poules. Ils ont tués une poule chez Fanfan, 1 autre chez Mr Martin, 2 canards, 1coq chez Mr Colard, 1 poule et 1 coq chez Mr Ferdinand. Le lorrain qui ne voulait pas leur laisser ramasser ; mais il a eu un coup de plat de sabre. Un autre le met en joue, et le 3ème le pique de sa baïonnette. Pense qu'il n'était pas à son article.
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