Mercredi 31 Août 1870 La matinée a été assez tranquille, seulement nous avons eu comme (d'habitude) tous les jours des foireux qui se rendent à l'hôpital de Bar, qui ont demandés à manger, puis 1 cheval pour conduire leurs bagages. Dans l'après-midi un escadron. Les chariots de blessés et malades. Toute la journée, il passe des voitures de malades. Les soldats aiment bien les poules. Ils ont tués une poule chez Fanfan, 1 autre chez Mr Martin, 2 canards, 1coq chez Mr Colard, 1 poule et 1 coq chez Mr Ferdinand. Le lorrain qui ne voulait pas leur laisser ramasser ; mais il a eu un coup de plat de sabre. Un autre le met en joue, et le 3ème le pique de sa baïonnette. Pense qu'il n'était pas à son article. Après nous apercevons des culottes rouges, ils descendent la " Chivoie ". Pense quelle réjouissance, nous croyions déjà voir les gros de l'armée repousser ses mauvais prussiens ; mais tout à fait le contraire, les français n'étaient que des prisonniers faits à l'hôpital de St-Dizier. Nous avons fini notre kirsch. Je leur en ai donné à chacun une petite goutte. Ils étaient 5 ou 6 prussiens pour les conduire, mais ces 6 là, ils n'en ont pas eu. Les français ont dit qu'ils avaient faim et soif, on les a fait avancer devant la mairie, on leur a donné du pain et du vin. Tout le monde leur a apporté de la viande, quant aux prussiens, ils n'ont pas mangés sitôt. Seulement lorsque les soldats français eurent assez mangé. Notre jument a été de réquisition pour les conduire. Rémy y a été à ma place. Quelques personnes en descendant la côte chantaient la Marseillaise. Puis le départ. Ils étaient tout à fait saouls. Remy est revenu avec notre cheval à 11 heures du soir. Nous avions fait 20 litres de kirsch qui était bien bon. C'est Jules Renault qui l'a fait. Jeudi 1er Septembre 1870 La nuit a été très tranquille. Dans la journée on a vu des voitures de malades venant de St-Dizier et allant à Bar. Une vingtaine d'hommes ont passés et demandés qu'on les conduise à Bar. On leur a refusé. Ils ont poussé jusqu'à Brillon d'ou ils se sont fait conduire. Nous avons reçu la réquisition du fameux préfet prussien qui nous demande pour la commune de Saudrupt 6000 Frs pour réquisition en pain, lait, café, riz à fournir pour le 8 septembre. Tu vois comme l'on est arrangé par la guerre. On aura du mal d'en sortir, mais ne craint rien, on en sortira. Vendredi 2 Septembre 1870 Nous avons préparé la fourniture qu'il fallait donner puis nous avons eu des puinards foireux qui sont venus demander à dîner, comme s'ils étaient chez eux. Ils ont demandé une voiture pour les conduire au lieu de rester à Saudrupt. On a préféré leur donner une voiture pour aller à Bar. Pour les nouvelles de la guerre, nous n'en savons pas plus que si nous étions à 500 lieues. Nous ne recevons ni lettres ni journaux, ni nouvelles. Que quelques dépêches par voie privée. Nous sommes ni plus ni moins que des sauvages au milieu d'un désert. Samedi 3 Septembre 1870 On a fait l'inventaire des réquisitions que la commune a déjà fait à l'armée. Ca se monte à 9000 et quelques cent francs. La réquisition pour ce jour se monte à 800 francs. Pense quel vide dans Saudrupt. La Mariette a eu un enfant. Aujourd'hui le gros Varnier est revenu avec sa femme. Parisot est resté avec sa Marie.
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