J'étais bien trop petit pour m'en rendre compte, mais la France n'allait pas bien du tout. La misère des classes laborieuses était criante et le mécontentement enflait de plus en plus. Il a fini par éclater avec la Révolution de 1789.
De cet évenement historique, beaucoup de changement s'ensuivirent dans les villes et les campagnes. Ma jeunesse se déroula dans tout ce bouleversement cahotique et comme il n'y avait guère de scolarité enfantine, comme mon père, je fis l'apprentissage de la forge.
Heureusement, le travail ne manquait pas et à l'Arsenal, les constructions de bâteaux allaient bon train. Les revenus n'étaient pas épais et les conditions de la vie restaient difficiles.
Le logement était rudimentaire, sans confort et guère chauffé en hiver. Je venais d'avoir vingt huit ans lorsque je fis la connaissance de Marie Carnac. Elle avait dix neuf ans et exerçait le métier de tailleuse d'habits. Originaire de Landaul, à quelques lieues de Lorient, elle était la fille d'un paveur. Elle devint ma femme le 23 juillet 1816 et nous nous installèrent dans la ville, 6 rue de l'hôpital.
Entre 1818 et 1841, nous avons eu douze enfants ; six garçons et six filles. Malheureusement les conditions d'hygiène et de vie avaient un côté déplorable et c'est ainsi qu'elles nous enlevèrent avec douleur, cinq enfants en bas âge.
Voilà mes amis, ce que je voulais seulement vous relater ce soir. Je sais qu'il reste encore beaucoup de zones d'ombres à évoquer avec vous, seulement je dois suivre la progression des recherches qu'effectue actuellement une de mes descendantes. Elle fouille l'histoire de mon passé, il me faut donc lui laisser le temps de pouvoir chercher et entrer un peu plus dans l'intimité familiale. Son éloignement actuel du berceau généalogique ne lui facilite pas la tâche, mais sa persévérance la conduira, j'en suis certain, à mieux appréhender encore ses racines.
Je te remercie … Ajouta François en prenant la parole, mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un léger craquement se fit entendre. Un personnage en habit d'ecclésiastique pénétra dans la salle.
Il resta planté sur le seuil et d'une voix suave déclama :
Entendez-vous ce bruit étrange ?
Qui monte en grondant dans les airs … ?
Est-ce la trompette de l'Ange … ?
Est-ce la grande voix des mers ?
Non ! C'est le métal qui résonne,
Sur l'enclume du forgeron ;
Non, C'est la lave qui bouillonne …
…
Par eux la lave ardente, mais domptable,
Est façonnée en mille objets divers,
Vastes tuyaux, qui deviendrez l'artère
Portant la vie à nos grandes cités …
…
Livrez aux vents votre sombre harmonie,
Vapeur, marteaux, tonnerre, grincement,
Vous proclamez puissamment le génie
De l'homme, maître et roi des éléments.
…
La fumée étend son nuage
Sombre et rouge, aux plaines de l'air ;
L'antre vomit un vent d'orage,
Du gaz, tonne et brille l'éclair.
Au milieu de cette tempête,
Reste calme le forgeron
Ce tonnerre est son chant de fête …
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