On dirait qu'il existe une âme Dans ces engrenages de fer, Dans cette dévorante flamme Eternelle comme l'Enfer. Métaux domptés par son courage, Rendez hommage au forgeron Oui, l'homme est grand dans son ouvrage … Le dernier mot était à peine achevé que le religieux sembla s'évaporer. A la manière d'un fondu-enchaîné un homme apparu. Il avait fière allure malgré sa barbe un peu hérissée et son front dégagé. Avec un sourire rayonnant, s'adressant aux amis rassemblés autour de la table, il dit : " Dans l'immensité de cette forge monstre, c'était un mouvement incessant, des cascades de courroies sans fin, des coups sourds sur la base d'un ronflement continu, des feux d'artifice de paillettes rouges, des éblouissements de fours chauffés à blanc. Au milieu de ces grondements et de ces rages de la matière asservie, l'homme semblait presque un enfant … Pétrir à bout de bras, dans une température torride, une pâte métallique … rester plusieurs heures l'œil fixé sur ce fer incandescent qui aveugle, c'est un régime terrible et qui use son homme en dix ans. " Ces images à peine disparues, les hommes se regardaient sans rien dire. Ils semblaient seulement s'interroger du regard. A leurs moues interrogatives ils n'avaient pas l'air de connaître ces spectres qui venaient de leur apporter un joli résumé du métier qu'avait exercé Jean François. Au moment où François allait reprendre la parole, une assez jolie femme, aux grands yeux noirs, à l'allure cependant masculine fit son apparition. Pour répondre à vos interrogations muettes leur dit-elle, messieurs, c'est l'abbé Clément qui vient de vous retracer des extraits de son " Chant du Torteron " qu'il a composé en 1866, en hymme et en hommage aux forgerons. Quant au Nantais, Jules Verne, ne trouvez-vous pas qu'il a magnifiquement rendu, dans ces phrases écrites en 1879, l'atmosphère secrète de la forge ? Sans leur laisser le temps de répondre elle ajouta, avec un signe de la main, en même temps que son portrait s'effaçait : - A tout à l'heure ! - Qui est cette femme, demanda Louis ? Joseph Désiré qui avait deviné, répondit avec un clin d'œil complice à l'Histoire : - Par les méandres de la généalogie, c'est la cousine de trois monarques, Louis XVI, Louis XVIII et Charles X !
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On dirait qu'il existe une âme
Dans ces engrenages de fer,
Dans cette dévorante flamme
Eternelle comme l'Enfer.
Métaux domptés par son courage,
Rendez hommage au forgeron
Oui, l'homme est grand dans son ouvrage …

Le dernier mot était à peine achevé que le religieux sembla s'évaporer. A la manière d'un fondu-enchaîné un homme apparu. Il avait fière allure malgré sa barbe un peu hérissée et son front dégagé. Avec un sourire rayonnant, s'adressant aux amis rassemblés autour de la table, il dit :

" Dans l'immensité de cette forge monstre, c'était un mouvement incessant, des cascades de courroies sans fin, des coups sourds sur la base d'un ronflement continu, des feux d'artifice de paillettes rouges, des éblouissements de fours chauffés à blanc. Au milieu de ces grondements et de ces rages de la matière asservie, l'homme semblait presque un enfant … Pétrir à bout de bras, dans une température torride, une pâte métallique … rester plusieurs heures l'œil fixé sur ce fer incandescent qui aveugle, c'est un régime terrible et qui use son homme en dix ans. "

Ces images à peine disparues, les hommes se regardaient sans rien dire. Ils semblaient seulement s'interroger du regard. A leurs moues interrogatives ils n'avaient pas l'air de connaître ces spectres qui venaient de leur apporter un joli résumé du métier qu'avait exercé Jean François.

Au moment où François allait reprendre la parole, une assez jolie femme, aux grands yeux noirs, à l'allure cependant masculine fit son apparition. Pour répondre à vos interrogations muettes leur dit-elle, messieurs, c'est l'abbé Clément qui vient de vous retracer des extraits de son " Chant du Torteron " qu'il a composé en 1866, en hymme et en hommage aux forgerons. Quant au Nantais, Jules Verne, ne trouvez-vous pas qu'il a magnifiquement rendu, dans ces phrases écrites en 1879, l'atmosphère secrète de la forge ?

Sans leur laisser le temps de répondre elle ajouta, avec un signe de la main, en même temps que son portrait s'effaçait :
- A tout à l'heure !
- Qui est cette femme, demanda Louis ?
Joseph Désiré qui avait deviné, répondit avec un clin d'œil complice à l'Histoire :
- Par les méandres de la généalogie, c'est la cousine de trois monarques, Louis XVI, Louis XVIII et Charles X !