François Lemoine Tous marquèrent leur étonnement, mais à son tour, François Lemoine prit la parole. Il y avait cinq ans, Jean François, tu venais de te marier dans ton pays breton, lorsque je fis mon entrée dans le monde. Ma descendante n'ayant pas encore assez progressé dans sa recherche sur les traces de mes parents, je m'abstiendrais de vous en parler ce soir. C'est au lieu-dit La Betennière, sur la commune d'Entrammes en Mayenne, que j'ai vu le jour. Plus tard, j'appris que Napoléon était mort à Sainte Hélène le lendemain de ma naissance et depuis lors, ce fut un de mes repères particuliers dans l'Histoire de France. La Betennière se situe sur le territoire de la commune d'Entrammes, village logé entre le cours d'eau de la Mayenne et celui de l'Ouette. L'histoire de cette contrée est ancienne, puisque le monastère d'Entrammes fut le lieu de rencontre entre Charles le Chauve et Salomon, roi des bretons en 857. Le traité qu'il signèrent assurait à Salomon la possession de la rive droite de la Mayenne. Mais Entrammes possède aussi des sites plus anciens, romains et pré-romains, tels ceux du fanum de la Grange, de la Furetière et du Port du Salut. Port Ringeard au XIIIème siècle formait un gué permettant de franchir facilement la Mayenne. C'est là que Thibault de Mathéfelou, seigneur d'Entrammes, fonda le prieuré bénédictin qu'il confia aux moines de l'abbaye poitevine de la Réau. En 1815, six ans avant ma naissance, Leclerc de la Roussière y établit les religieux cistérciens, chassés par la Révolution. Ce sont eux qui élevèrent l'abbaye actuelle sur l'emplacement de l'ancien prieuré. Dès 1816, il lui donnèrent le nom toujours bien connu aujourd'hui de " Port du Salut " Je venais d'avoir onze ans en 1832, lorsqu'une très grande épidémie de choléra s'abattit sur Paris, faisant plus de dix huit mille morts. Des échos qui parvenaient jusqu'en Mayenne depuis un certain temps, même les moins prévenus savaient que ce fléau ravageait l'Europe. Il venait étendre sa toile d'araignée sur le monde et depuis le printemps de 1830, il s'avançait implacablement à travers toute la Russie. Parmi les agents de propagation, l'eau était un milieu de contamination propice à son extension. Même la sueur était dangereuse puisqu'elle disséminait l'affection sur de longues distances, par les poignées de main , les embrassades. La mortalité qu'elle semait était amplifiée par la misère. Le chômage, les disettes, les habitations insalubres dans la concentration urbaine, les contacts aux puits collectifs et dans les lavoirs publics, étaient autant de facteurs de propagation. Ainsi, cette épidémie et d'autres encore par la suite, ont malheureusement fait payer bien cher à la France, l'apprentissage de l'hygiène. Dans le début des années 1848, j'avais fait la connaissance de Perrine Fournier. Elle était fileuse et résidait à L'Huisserie, un petit village à proximité de Laval où elle était née le 18 juin 1826. Notre mariage fut célébré le 5 juin 1848. Cette année là a été marquée par la révolution de février à Paris qui a conduit le roi Louis-Philippe à abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Quelques semaines après notre mariage une insurrection populaire, suivie d'une grande répression, troubla Paris. Je ne vais pas m'étendre sur ce sujet, car je sais que Pierre pourra, peut-être mieux que moi, nous parler de cette époque difficile. Pierre acquiesça d'un signe de tête. Après notre mariage, continua François, nous nous sommes installé à la Malaiserie pour y exercer mon difficile métier de laboureur dont cette vieille chanson à immortalisé les difficultés : Le pauvre laboureur, Il a bien du malheur. Le jour de sa naissance L'est toujours malheureux. Qu'il pleuve, tonne ou grêle,
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