Qu'il fasse mauvais temps, L'on voit toujours sans cesse, Le laboureur aux champs. Le pauvre laboureur A de petits enfants, Les met à la charrue A l'âge de quinze ans ; Leur achète des guêtres ; C'est l'état du métier, pour empêcher la terre D'entrer dans leurs souliers … Avec un frôlement presque imperceptible, la belle dame fit son retour. Se plaçant près de François elle dit, lisant dans un livre qu'elle tenait déjà ouvert entre ses mains : " Lorsqu'une racine arrêtait le soc, le laboureur criait d'une voix puissante, appelant chaque bête par son nom, mais plutôt pour calmer que pour exciter, car les bœufs, irrités par cette brusque résistance, bondissaient, creusaient la terre de leurs larges pieds fourchus, et se seraient jettés de côté, emportant la charrue à travers champs, si, de la voix et de l'aiguillon, le jeune homme n'avait pas maintenu les quatre premiers, tandis que l'enfant gouvernait les quatre autres … Tout cela était beau de force et de grâce ; le paysage, l'homme, l'enfant, les taureaux sous le joug … Quand l'obstacle était surmonté et que l'attelage reprenait sa marche égale et solennelle le laboureur, dont la feinte violence n'était qu'un exercice de vigueur et une dépense d'activité, reprenait tout à coup la sérénité des âmes simples et jetait un regard de contentement paternel sur son enfant, qui se retournait pour lui sourire … " Tout en refermant son livre, elle adressa un large sourire à tous ceux qui venaient de l'écouter, mais avant qu'elle n'eut le temps de s'évaporer, Louis qui se trouvait juste en face, eut le temps de voir le titre. La Mare au diable, s'écria-t-il ! Oui, ajouta Joseph Désiré, j'avais reconnu tout à l'heure Aurore Dupin de Francueil, baronne Dudevant … Au moment où il prononçait ce patronyme à rallonge à ses amis, ils entendirent une voix qui semblait déjà lointaine mais perceptible … Appelez-moi donc George Sand, leur dit-elle d'un ton amusé ! François, s'adressant à Joseph Désiré lui dit : - Tu disais tout à l'heure qu'elle était la cousine de trois rois de France. Comment cela est-il possible ? - Oh ! C'est une longue histoire … - Mais, peut-être, pourrais-tu nous résumer ? - D'accord, pour vous faire plaisir, puisque c'est la généalogie qui nous rassemble ce soir. Dans sa famille, on rencontrait des filles galantes, des aristocrates, des comédiens, des militaires, des bourgeois et des rois. Il s'y trouvait un élément particulier ; les enfants mâles recevaient le prénom de Maurice et les filles celui d'Aurore. Au cœur du XVIIème siècle apparaît Aurore de Koenigsmarck, fille du maréchal qui s'est illustré au cours de la guerre de trente ans. Elle était d'une beauté remarquable qui attirait de nombreux canditats mais qu'elle repoussait tous. Elle séduisit Auguste de Saxe qui plus tard monta sur le trône de Pologne sous le nom d'Auguste II. Ce futur souverain avait la manie de semer des bâtards sur son chemin. Elle eut droit au sien. Un fils, qu'elle prénomma Maurice, que son père reconnu après une quinzaine d'année de réflexion, et auquel il donna le titre de comte. Pendant ce temps, Aurore enrichi ses conquêtes de têtes couronnées … Pierre le Grand, tsar de toutes les Russie, Charles VII roi de Suède … Son fils Maurice de Saxe entama une carrière militaire. Après sa fameuse victoire sur les Anglais en 1745 à Fontenoy, il fut nommé maréchal de France. Cela ne l'empêcha pas de se montrer digne de son hérédité de séducteur.
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