Pendant ce temps, je poursuivais mon métier de capitaine de navire. Un jour que je faisais escale à Calais, je me rendis à la ville de Sangatte, distante d'une trentaine de kilomètres de celle de Boulogne.
C'est dans un cabaret que je fis la connaissance de Constance Delattre, la fille du cabaretier. Je l'épousais le 1er mai 1850, mais la cérémonie se fit sans la présence de ses frères, ni celle de sa sœur et de sa mère. Cette dernière nous donna son consentement par l'intermédiaire d'un acte passé devant notaire.
Nous nous établirent à Calais et je m'y fis inscrire au quartier maritime dès 1851.
Capitaine de navire de commerce et non comme les patrons pêcheurs, il me fallait trouver un armateur pour exercer mon métier de navigateur au long cours. Nous étions dans l'année où les frères Brett établirent entre Douvres et Calais la première liaison télégraphique par câble sous-marin.
Le 19 août 1851, notre foyer fut dans la joie avec la venue au monde de notre fils, Joseph Léon Simon. Je me trouvais à terre et c'est moi qui fit sa déclaration de naissance à l'état-civil … Je crois que j'étais fier car une fois de plus le patronyme s'installait pour une génération supplémentaire dans la descendance !
Plus tard, notre foyer s'est agrandi avec Marie et Marie Elise, mais au moment de leur venue au monde, je naviguais en mer et je n'ai pas pu personnellement déclarer leurs naissances.
De plus en plus souvent, je m'absentais pour de longues durées et ma femme Constance trouvait le temps bien long à Sangatte. Elle avait les enfants avec elle, mais il était bien difficile d'élever seule trois enfants. L'hygiène était déficiente et la vie était encore très rude dans cette seconde moitié du XIX ème siècle … Bien cruelle aussi car Marie, notre petite fille, mouru en 1856 alors qu'elle n'avait que trois ans.
Il fallait travailler ferme, et dans mon métier, il était important de suivre les évolutions. En France les goûts culinaires changeaient aussi. La fève de cacao devint très prisée. Elle provenait d'un arbre fruitier, le Cacaoyer, qui poussait, et pousse encore, exclusivement dans les pays équatoriaux. C'est un arbre qui mesure entre 3 et 8 mètres et qui produit deux récoltes par an. Le fruit que l'on cueille est appelé " La cabosse " qui contient entre 20 et 50 graines. Après séchage ces graines portent le nom de " Fève de Cacao "
C'était en 1828 que Conrad Van Houten (Pays Bas) avait commencé d'extraire la graisse des fèves de cacao écrasées et la poudre soluble ainsi obtenue servait à fabriquer les petits déjeuners. En 1857, on commença à voir le cacao en tablettes mais il fallu attendre le début du XXème siècle avant que Pierre Lardet, en 1912, n'ouvre à Courbevoie son usine de chocolat en poudre " Banania " symbolisé par le tirailleur sénégalais dessiné par De Andréis, avec sa célébre formule "Y'a bon "
Cependant, à mon époque, à cause et pour cette précieuse denrée, j'effectuais de bien longs voyages. J'allais jusqu'au Brésil, me rendant plus précisément à Bélem pour y charger mon bateau. Ces voyages n'étaient pas sans risques, non seulement il fallait subir les aléas de la mer mais les marins rentraient parfois porteurs de terribles maladies, tels le choléra ou la fièvre jaune.
En décembre 1860, revenant de l'un de mes longs voyages, je fis escale à Marseille, mais victime de cette fièvre jaune, j'ai du m'aliter.
Le typhus d'Amérique, dit fièvre jaune était une maladie infectieuse endémique dans le golfe du Mexique et épidémique sur les autres rivages de l'Amérique du Sud. Cette maladie était transmible à l'homme par un moustique. De trois à six jours après la contagion, l' affection débutait par un frisson, une fatigue générale. Survenaient ensuite, céphalalgie et douleur des globes oculaires, constipation et délire. Les navires où cette maladie était contractée devaient être désinfectés et les passagers soumis à quarantaine.
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