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Tant au cours du Siège de Paris que dans la Commune, Joseph Louis Delbrouck s'emploie dans les travaux de fortification de l'enceinte. Pour sa Compagnie, les travaux sont réalisés le plus souvent hors de l'enceinte, dans les forts ou à Neuilly et Passy. Ils sont commandés par La Cécillia et son état-major et sont des travaux purement défensifs. Le plus souvent, réparations de brèches faites aux remparts et dans les forts, création d'embrasures pour installer les canons et construction d'abris blindés pour les hommes, contribuant ainsi à sauver la vie à plus d'un soldat. Médiateur solitaire Malgré les travaux qui l'accaparent fortement, l'architecte continue inlassablement à rechercher à tout pris la conciliation. C'est parce que les échecs dans ce sens le révolte, parce que les transactions de Schoelcher, Locroy et Floquet échouent à leur tour et que Thiers refuse toute armistice, qu'il entreprend d'agir tout seul, comme le dit encore Paul Milliet. Au péril de sa vie, il essaie de s'interposer à plusieurs reprises comme médiateur entre l'Hôtel-de-Ville et Versailles. " Plusieurs fois, marchant aussi bien la nuit que le jour, il traverse les lignes. Il est arrêté avec des malfaiteurs et conduit sous la pluie jusqu'au quartier de Longjumeau " nous dit pour sa part Emile Trélat. (Eloge funèbre, Juillet 1871. Brochure conservée à la B.N -Ln 2726210-) Si on trouve sur lui son laissez-passer de la Commune, il sera fusillé ; alors rapidement il le mâche et le disperse en boulettes. Joseph Louis Delbrouck connaît personnellement quelques uns des membres du Gouvernement de la Défense Nationale. Un jour, il quitte l'uniforme, traverse les lignes des assiégeants et se fait introduire auprès d'Ernest Picard, ministre des finances, qui avait toujours été sceptique à l'égard du Siège et de ses conséquences. Plaidant la conciliation avec éloquence, il est même écouté avec une certaine bienveillance, mais jugeant ses propositions de conciliation inacceptables, Ernest Picard demande à l'architecte ce qu'il compte faire. " Mais, rejoindre ma Compagnie ! " lui dit-il tout simplement. Il n'est pas arrêté car Ernest Picard sait que l'autorité morale de Joseph Louis Delbrouck est pure et qu'il inspire le respect, même à ses ennemis. L'architecte vient donc reprendre sa place à la tête de sa Compagnie du Génie, attristé mais pas découragé et plus que jamais résolu à défendre les droits de Paris. Toute tentative de conciliation est considérée par le Comité Central de la Commune comme une trahison et sa tentative à bien entendu été dénoncée. Il devient suspect et bien que le colonel Rosselli-Mollet, directeur du Génie, le fait surveiller, il n'est pas arrêté car l'amitié qui le lie avec Charles Delescluze le protège. Il n'en demeure pas moins vrai que le colonel du Génie a profité de son absence à la caserne Lowendal pour placer la 1ère Compagnie à la disposition de Dombrowski ; tels sont les ordres : " La première Compagnie partira immédiatement pour se rendre à la disposition du général Dombrowski. En cas de refus, faire arrêter le capitaine. " Notre situation, raconte Paul Milliet est " à peu près celle des soldats représentés dans le tableau célèbre intitulé les dernières cartouches … Après avoir essayé de résister, la position du groupe n'est plus tenable et la retraite est ordonnée … Nous ne pouvions refuser d'obéir à un chef qui nous ordonnait de mettre une maison en état de défense, et d'autre part, comment oublier que derrière cette porte prête à céder, j'aurais pu voir surgir mon frère ? Qu'aurais-je fait s'il eût fallu me défendre dans une lutte corps à corps ? L'instinct de la conservation l'eut-il emporté sur le profond respect que j'ai toujours eu de la vie humaine, ou bien, disciple de Delbrouck, me serais-je laissé tuer plutôt que de devenir un assassin ? Je l'ignore … " Comme l'ensemble de ses camarades, Joseph Louis Delbrouck vit dangereusement au cours de cette période très troublée et ses amis voudraient pouvoir lui dire de s'arrêter. Marie Pape-Carpentier en particulier, directrice de l'école normale maternelle, qui dans ses lettres à Paul Milliet dit qu'elle en voudrait amèrement à la République si l'architecte devait périr, car la vue de sa fille " la pauvre Marie " la tue.
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