Dans l'après-midi du 20 mai 1871, le bruit court que les versaillais vont rentrer dans Paris. Le comte de Nogent raconte qu'au milieu de l'après-midi, le lieutenant de vaisseau Treves vit un individu s'avancer. Un bataillon avance alors en quittant la parallèle en arrière, par le boyau de cheminement. En soirée, la concentration des troupes versaillaises est assez forte pour permettre la marche en avant de la progression. Un détachement s'empare du Pont de Grenelle, sur les talons des fédérés. Un peu au nord de ces percées versaillaises, se trouve la Porte de Passy où, dans le courant de la nuit, la division Faron a été postée en réserve. C'est dans ce secteur des remparts de Passy que Joseph Louis Delbrouck est toujours occupé à diriger ses hommes dans les travaux de défense et de fortification. Billioray lit au Conseil, la déclaration de Dombrowski : " … Les versaillais sont entrés par la Porte de St-Cloud. Je prends des dispositions pour les repousser. Si vous pouvez m'envoyer des renforts, je réponds de tout … " Mais l'invasion fait tâche d'huile et bientôt, Auteuil et Passy sont entièrement occupés. Louise Michel écrira : " … Vingt cinq mille hommes de Versailles, par trahison et sans combat, couchèrent cette nuit là dans Paris … " A la Commune, au ministère de la guerre, l'affolement devient presque total. Delescluze s'oppose à ce que l'on batte le rappel dans les arrondissements la nuit, pour ne pas semer l'alarme dans la population, mais donne, en pleine nuit, des instructions pour qu'on élève des barricades intérieures et rédige sa dernière proclamation : " … Assez de militarisme ! Plus d'états-majors galonnés et dorés sur toutes les coutures. Place au peuple, aux combattants aux bras nus. L'heure de la guerre révolutionnaire à sonné … Aux armes, citoyens, aux armes ! " L'arrestation Sur les remparts de Passy, les hommes de la première Compagnie du Génie s'activent encore. Les officiers sont-ils déjà informés de l'entrée des Versaillais ? Ce n'est pas certain. Toujours aux avants-postes, ils ne semblent pas avoir commencé à effectuer un mouvement de repli sur une seconde ligne de barricades intérieures. Le capitaine Delbrouck, sans arme comme il en a l'habitude, se trouve subitement entouré. Il est pris à l'improviste par les soldats des troupes de Versailles qui le font prisonnier en cette nuit du 21 mai 1871. Sous les insultes de la foule, défile un groupe de compagnons captifs et parmi eux, Joseph Louis Delbrouck est emmené à Versailles. Il est très fatigué, peut-être un peu malade à cause de cette guerre. Son allure reste cependant très digne, mais le chagrin rempli son cœur. Il a conscience d'avoir fait son devoir et tous ses efforts pour l'accomplir, du moins il a fait tout cde qui était en son pouvoir pour empêcher cet épouvantable résultat. (Dernière lettre de sa prison) Exténué, affolé de tortures physiques et morales, le convoi entre dans Versailles. Une soif ardente brûle la gorge des prisonniers : " … De l'eau, de l'eau, de l'eau ! … " écrira Théophile Gautier. Les coups d'ombrelle pleuvent, on lance des ordures et de la terre à la face des prisonniers. Barbes, cheveux sont souvent arrachés par des " gens du monde ". Une belle dame montre du doigt Joseph Louis Delbrouck en s'écriant " Voyez cette tête d'assassin ! " et elle le frappe avec son ombrelle, raconta par la suite Madame Mazas, l'épouse de son métreur-vérificateur. Enfin le groupe arrive à destination dans les principales prisons de Versailles que sont les caves du château de l'Orangerie, et un peu plus tard les docks de Satory. Les prisonniers sont entassés les uns sur les autres, privés d'air et souvent d'eau. Leur souffrance n'est que plus forte et la maladie les gagne. C'est là, précisément, que Joseph Louis Delbrouck voit sa santé ruinée.
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