Ce jour-là, de bon matin, il fallait voir arriver l'homme et la femme enfoncés dans la botte de paille servant de siège à la charrette sans ressorts qui les cahotaient à discrétion. Ils déchargeaient graines et cruches, manteaux et couvertures et le .. panier de provisions. Ils dételaient le cheval qui avait une place à l'écurie et allaient assister à la fabrication. Ils suivaient l'huilier pas à pas, épiant tous ses mouvements , de peur qu'il ne les volât, mais n'osant lui poser la moindre question. Vers midi, quand l'huilier et sa famille avaient " dîné ", ils s'installaient à la table de la cuisine, déballaient leurs victuailles et mangeaient seuls, tous deux, très vite, pour reprendre aussitôt leur surveillance ? Le soir, contents d'eux-mêmes, ils repartaient avec leurs cruches pleines, sans se douter que l'huilier avait prélevé sa dîme coutumière et sous leurs yeux.
D'autres, plus nombreux encore venaient " faire l'huile " non pour épier, mais pour se distraire. C'étaient les parents et les bons amis qui profitaient à l'occasion pour faire une visite annuelle. Ils ne venaient pas les mains vides ; chacun apportait que quoi compléter le menu : volaille, gibier ou " charbonnée ". C'était la fête ce jour-là ; les femmes restaient ensemble et se racontaient les événements de l'année, pendant que les hommes discutaient à l'huilerie. L'huilier, radieux, se hâtait pour se laisser des loisirs et le repas de midi, qui rassemblait tout le monde, durait un peu plus longtemps et se terminait dans la plus franche gaîté. Tous étaient heureux de la bonne journée. Le soir, on se séparait difficilement en se faisant des invitations réciproques et des salutations interminables ; des " à la revoyotte ", des " bons retour ", des " à l'année qui vient "
Le moulin à cylindre :
Il était au premier étage, dans un coin sur le grenier de l'huilerie. Il tenait peu de place. C'était un petit moulin à deux cylindres tournant l'un contre l'autre en sens inverse. Il était surmonté d'une trémie ; c'est lui qui effectuait la première opération : le broyage. Les graines placées dans la trémie passaient entre les deux cylindres et tombaient broyées dans une corbeille placée au rez-de-chaussée. On ne broyait pas les noix ni les faines.
La meule :
Elle se trouvait au centre de la pièce. Elle était fixée à un gros arbre vertical en bois qui pivotait grâce à une roue dentée horizontale et placée à la partie supérieure et qui entraînait la roue. Les dents en bois de cette roue s'appelaient les " tapines " et la petite roue dentée qui s'engrenait sur la grosse était la " lanterne ".
Elle était en pierre dure et avait 1m25 de diamètre et 0m35 d'épaisseur. Elle roulait sur une table de pierre de 30 cm de hauteur entourée d'une circulaire en bois garnie d'un rebord pour éviter les pertes. En avant et en arrière de la meule, on disposait deux racloirs obliques qui ramenaient constamment le grain écrasé sous la meule, empêchant ainsi qu'il s'écartât trop du centre. Les graines broyées par le cylindre étaient donc placées sous la meule pour l'écrasement. Cette deuxième opération durait environ une demi-heure. Quand elle était terminée, l'huilier ramassait les graines écrasées dans une corbeille glissée sous la circulaire en bois et sous une planche mobile qui s'enlevait à ce moment là.
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